L’université d’Orléans et la Ville se retrouvent au cœur d’une polémique aussi inquiétante que révélatrice d’un climat de tension idéologique croissante. Jeudi, l’université a déposé plainte après la découverte d’autocollants à caractère islamophobe et néonazi, collés sur le campus mais aussi dans différents lieux du centre-ville. La municipalité, de son côté, prévoit également de saisir la justice.
Parmi les messages apposés : « Zone interdite aux musulmans » ou encore « Good Night, Left Side », référence directe à un slogan d’extrême-droite agressif, accompagné d’illustrations violentes. Un enseignant d’histoire-géographie, qui a découvert certains de ces stickers, a réagi vivement : « On est estomaqués. C’est une ligne rouge franchie. L’extrême-droite ne se cache plus. »
La France insoumise, alertée par l’enseignant, a relayé l’affaire sur les réseaux sociaux, y voyant une conséquence directe de la banalisation de certains discours politiques. Le député Thomas Portes accuse une atmosphère nourrie « par les discours islamophobes du ministre de l’Intérieur et ses relais médiatiques », qui, selon lui, donnent un écho dangereux à la haine.
La préfète du Loiret, Sophie Brocas, a réagi rapidement : elle condamne « avec la plus grande fermeté » ces incitations à la haine et a saisi la procureure de la République. La vidéosurveillance urbaine est désormais mobilisée pour tenter d’identifier les auteurs.
À l’université, les messages ont été effacés. Dans un communiqué, l’établissement rappelle son engagement à garantir un cadre sûr, respectueux des libertés et des diversités, tout en soulignant que d’autres mesures de vigilance seront renforcées.
Cette affaire intervient dans un contexte national marqué par une montée des actes islamophobes : selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les actes à caractère raciste et antimusulman ont augmenté de manière notable ces dernières années, notamment dans les milieux scolaires et universitaires.
Plus qu’un simple acte de vandalisme, cette série d’autocollants réveille une alerte sur la banalisation d’un discours de haine qui, au lieu de rester marginal, semble s’ancrer dans l’espace public.
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