Depuis quelques jours, le Maroc est témoin d’un phénomène inédit : une chute spectaculaire des prix de la sardine à Marrakech, grâce à l’initiative audacieuse d’un jeune poissonnier, Abdelilah El Ajout, plus connu sous le nom de « Moul L7out ». En brisant les prix du poisson, ce commerçant a mis en lumière les pratiques spéculatives des intermédiaires (chenaqa) et déclenché une vague de solidarité sur les réseaux sociaux.
Son action, qui coïncide avec le début du Ramadan, mois où la consommation alimentaire explose, a mis en difficulté un marché jusqu’ici verrouillé par des circuits d’intermédiaires. Grâce à lui, les prix ont commencé à baisser dans d’autres régions, suscitant un débat national et une prise de conscience collective sur la régulation des prix alimentaires.
Un coup d’éclat qui défie le marché
Tout a commencé lorsque Abdelilah a décidé de vendre la sardine à seulement 5 dirhams le kilo, alors que son prix oscillait entre 20 et 30 dirhams dans les villes côtières. Ce coup de force a immédiatement attiré une clientèle nombreuse et généré une explosion médiatique sur les réseaux sociaux, où les internautes ont salué son geste comme une lutte contre la flambée des prix.
Cependant, cette initiative n’a pas été du goût des grands distributeurs et des revendeurs, qui ont vu leur monopole menacé. Ils l’ont accusé de vendre à perte et de fausser le marché. La riposte ne s’est pas fait attendre : le mardi 25 février, son échoppe a été fermée par les autorités locales sous prétexte d’un défaut d’affichage des prix et de conditions de stockage non conformes.
Un retour triomphal après une rencontre avec le Wali
Mais Abdelilah ne s’est pas laissé abattre. Dès le lendemain, mercredi 26 février, il a été reçu par le wali de Marrakech, Farid Chourak. Résultat ? Non seulement il obtient l’autorisation de rouvrir son commerce, mais il se voit aussi accorder un accès au marché de gros, ce qui lui permet de s’approvisionner directement sans passer par les intermédiaires.
À son retour, l’accueil est digne d’un héros populaire. Une foule de clients l’attend devant son étal, impatiente de le voir reprendre son activité. Désormais symbole d’une contestation citoyenne contre la vie chère, il promet de continuer à vendre à des prix accessibles, avec une marge de seulement un dirham par kilo.
Une décision royale qui amplifie le mouvement
L’initiative de ce jeune poissonnier a marqué un tournant dans le débat sur le pouvoir d’achat des Marocains. Deux jours après la vague de contestation déclenchée par Abdelilah, le Roi Mohammed VI a pris une décision forte en appelant les Marocains à ne pas sacrifier de mouton lors de l’Aïd El-Kébir. Une mesure motivée par la flambée des prix du bétail et la pression financière sur les ménages les plus modestes.
Cette annonce a eu un effet immédiat : en réaction, les bouchers et les distributeurs de viande ont commencé à baisser leurs prix, réalisant que la demande risquait de chuter drastiquement. La décision royale a ainsi renforcé l’élan de contestation initié par Abdelilah et accentué la pression sur les spéculateurs du marché de la viande, contraints de revoir leurs marges pour ne pas perdre leur clientèle.
Dans les rues et sur les réseaux sociaux, la nouvelle a été accueillie avec soulagement et joie par une large partie de la population, en particulier par les familles les plus modestes qui redoutaient de ne pas pouvoir assumer les coûts élevés du sacrifice. Beaucoup ont salué un geste royal plein de sagesse et de compassion, soulignant que cette mesure allégeait considérablement la pression financière sur les ménages en cette période marquée par la cherté de la vie. Des scènes de célébration ont même été observées dans certains quartiers, où des citoyens ont exprimé leur reconnaissance envers le souverain pour avoir placé le bien-être de son peuple au cœur de ses priorités.
Une polémique qui secoue jusqu’au Parlement
L’affaire Moul L7out ne s’est pas arrêtée aux marchés de Marrakech. Elle a rapidement atteint l’hémicycle du Parlement, où la députée Nadia Taha a interpellé le ministre de l’Agriculture et de la Pêche sur la régulation des prix des produits halieutiques.
Même le gouvernement a dû réagir. Lors d’un point de presse le jeudi 27 février, le porte-parole de l’Exécutif, Mustapha Baitas, a affirmé que l’État surveillait de près la question des prix et mobilisait des moyens pour assurer un meilleur équilibre entre l’offre et la demande. De son côté, le Conseil de la concurrence a ouvert une enquête sur les conditions de vente des sardines aux industriels, afin de vérifier le respect des règles du marché.
Un effet domino sur d’autres produits alimentaires
L’initiative d’Abdelilah a inspiré d’autres commerçants à briser la chaîne de la spéculation. À Fès, un vendeur d’œufs a baissé son prix à 1 dirham l’unité, tandis qu’un boucher connu sous le nom de Serghini a réduit le prix du poulet à 14 dirhams le kilo.
Ce mouvement commence à s’organiser et à prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux, où les appels se multiplient pour que d’autres commerçants suivent l’exemple et réduisent leurs marges excessives.
Moul L7out, un symbole de la lutte contre la vie chère
En l’espace de quelques jours, Abdelilah El Ajout est passé de simple poissonnier à un véritable symbole de la contestation populaire contre la spéculation. Grâce à lui, les prix ont commencé à baisser, un soulagement en ce début de Ramadan où les ménages subissent une forte pression financière.
Mais son combat soulève une question de fond : la régulation des prix alimentaires doit-elle être laissée aux commerçants engagés ou encadrée par l’État ? Une chose est sûre : le jeune Marrakchi a réveillé un débat crucial et mis en évidence les dysfonctionnements d’un marché contrôlé par des intermédiaires.
L’avenir dira si son initiative restera un cas isolé ou si elle marquera le début d’une prise de conscience collective pour un marché plus juste et équitable au Maroc.
Je n’ai constaté aucune baisse concernant les prix des viandes rouges! Aujourd’hui, chez le boucher du quartier, le prix du kg d’agneau affiche 140,00 dhs! Vérifiez vos informations avant de les publier.