Le doyen de la chanson marocaine, Abdelwahab Doukkali, signe son grand retour, prévu le 11 avril au Théâtre Mohammed V à Rabat, pour un concert exceptionnel et unique, qui marquera une date importante en prélude à une fin de carrière… qui n’est pas encore pour demain.
Il aura fallu attendre de nombreuses années avant de revoir ce grand artiste — qui a su conserver toute la puissance vocale de ses débuts et son art magistral du oud — revenir sur une scène mythique, témoin du passage indélébile de nombreuses légendes mondiales de la chanson, de Oum Kalthoum à Abdelhalim Hafez, en passant par Charles Aznavour, pour ne citer qu’eux.
Au cours de cette soirée, dans une salle pleine jusqu’aux derniers rangs, l’auteur d’œuvres inoubliables comme « Mana Ila Bachar » se fera un plaisir — et un devoir — de revisiter ses plus grands classiques, qui ont connu un succès dépassant les frontières et contribué à sa renommée internationale. Il présentera également ses créations les plus récentes, malheureusement absentes des playlists de radios désormais tournées vers le rap.
Doukkali ne manque d’ailleurs jamais une occasion de critiquer ouvertement l’état de la chanson marocaine actuelle. Il le fait sans langue de bois, dénonçant la montée de ce qu’il appelle « la bêtise et la médiocrité », des propos souvent à l’origine de tensions avec plusieurs artistes marocains de la nouvelle génération.
Du beau monde est attendu ce vendredi pour ces retrouvailles grandioses avec un chanteur qui s’est fait rare, n’acceptant de remonter sur scène qu’en de très rares occasions et sous des conditions strictes. Sa dernière apparition remonte à un concert en Arabie Saoudite, où il avait littéralement « fait un tabac », découvrant avec émotion un public chantant en chœur ses titres en darija, avec une justesse impressionnante. Une preuve, s’il en fallait, de l’impact intemporel de son œuvre.
Nul doute que d’autres moments magiques seront au rendez-vous de ce nouveau concert tant attendu.
Par Jalil Nouri