Ayant pris du retard par rapport à la date initialement annoncée, le chanteur Abdelwahab Doukkali fait languir d’impatience ses nombreux fans au Maroc et à l’étranger, qui attendent de découvrir sa vie et sa longue carrière dans un livre autobiographique promis à un succès en librairie. Retouche après retouche, l’artiste ne cesse de peaufiner les dernières lignes de son récit, qui s’allonge chaque jour un peu plus. Après avoir sevré ses admirateurs de ses chansons, c’est désormais son livre qu’il tarde à leur offrir.
À l’exception de rares apparitions sur scène, ses passages en studio pour l’enregistrement de nouvelles chansons ne sont plus qu’un lointain souvenir, tant l’inoubliable auteur du succès éternel Mana Illa Bachar semble s’être éloigné des studios pour privilégier une vie familiale paisible et des escapades dans les régions qu’il affectionne, notamment Fès et sa région natale, où il se rend comme en pèlerinage. Il n’accepte de chanter lors de soirées privées que s’il partage une affinité particulière avec l’hôte, ce qui est rare et n’est pas uniquement une question de rétribution, à laquelle il accorde peu d’importance.
Le chanteur aux « mille chansons » n’a pas encore reçu un hommage à la hauteur de sa brillante carrière et de l’héritage musical qu’il lègue aux générations actuelles et futures. Il appartient au ministère de la Culture de prendre l’initiative pour lui rendre un hommage retentissant et original, qui sorte des sentiers battus et des émissions télévisées monotones du samedi soir.
Pourquoi ne pas envisager un événement inédit, réunissant des artistes marocains de toutes générations, diffusé simultanément sur plusieurs chaînes satellitaires marocaines et des pays arabes, invités à célébrer ensemble une date symbolique ? L’idée mérite d’être explorée, et le ministère de la Culture pourrait prendre l’initiative de concrétiser un tel projet ou un autre, afin qu’Abdelwahab Doukkali ne quitte pas la scène discrètement. En tant que monument de la chanson marocaine et arabe, il mérite bien plus.
Par Jalil Nouri
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