La gifle au caïd de Témara : une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre, et qui revient cette semaine devant la Cour d’appel de Rabat, où la justice est appelée à reconsidérer un dossier aussi médiatisé que controversé.
À l’origine, une vidéo virale montrant une Marocaine résidant au Canada (MRE) giflant un agent d’autorité, en pleine intervention sur l’espace public. Un geste rare et spectaculaire, qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et conduit à une série de condamnations en première instance.
Retour sur les faits
Les événements remontent au 19 mars 2024, lorsque le caïd de Témara menait une opération de libération de l’espace public, visant les vendeurs ambulants occupant illégalement les trottoirs. Parmi les concernés : le frère de la MRE, un marchand ambulant, et un de ses proches, dont la marchandise avait été saisie.
Souhaitant récupérer leurs biens, la MRE, son mari, son frère et un ami se sont rendus à plusieurs reprises au siège de l’annexe administrative n°7 de Témara. L’atmosphère s’envenime, les échanges deviennent tendus, jusqu’à ce que la situation dégénère : la principale accusée filme la scène avec son téléphone, ce que le caïd tente d’empêcher. Elle réagit alors en le giflant à deux reprises, en pleine enceinte administrative.
Une vidéo virale, une justice rapide
La vidéo de l’altercation fait rapidement le tour des réseaux sociaux, déclenchant des réactions en chaîne. Le 21 mars, les quatre mis en cause sont présentés devant le parquet de Témara. Tous seront placés en détention provisoire.
Le 10 avril, le tribunal de première instance prononce des peines sévères : deux ans de prison ferme pour la MRE, un an pour son époux, et six mois chacun pour les deux autres accusés. Des peines cumulées à quatre ans d’emprisonnement, dans une affaire devenue emblématique de la tension entre citoyens et agents d’autorité dans l’espace public.
Un procès en appel très suivi
C’est donc un procès en appel sous haute tension qui s’ouvre à Rabat. La défense conteste à la fois la sévérité des peines et les circonstances du procès en première instance. L’avocate de la principale accusée entend démontrer l’absence de préméditation, la réaction émotionnelle dans un contexte de frustration, et évoque un usage abusif de la force publique lors de l’intervention.
De son côté, le caïd agressé a été relevé de ses fonctions, puis affecté à un service interne du ministère de l’Intérieur, hors de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Il avait également fourni un certificat médical mentionnant une incapacité temporaire de travail de 30 jours, lui permettant de prendre un congé officiel dans la foulée.
Une affaire aux échos multiples
Cette affaire soulève des questions de fond sur la relation entre les citoyens, notamment ceux de la diaspora, et les représentants de l’autorité. Elle interroge aussi sur la place des réseaux sociaux dans l’espace judiciaire, le rôle de la viralité dans l’émotion publique, et la manière dont les institutions réagissent face à des atteintes symboliques à l’autorité.
Si le procès en appel vient réexaminer les faits sous un angle juridique, l’opinion, elle, reste partagée : certains dénoncent un excès de zèle répressif, d’autres y voient un nécessaire rappel au respect des symboles de l’État.
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Sous haute attention… pchakhhhh