L’arrestation de plusieurs membres de la famille du blogueur Hicham Jerando, installé au Canada, a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux et parmi les organisations de défense des droits humains. Face aux informations jugées erronées circulant à ce sujet, le Parquet près le tribunal de première instance de Casablanca a publié un communiqué officiel ce lundi 3 mars pour clarifier les faits et les charges retenues contre les accusés.
Des arrestations dénoncées comme une tentative d’intimidation
L’Association marocaine des droits humains (AMDH), par le biais de sa section locale de Tahla, a rapidement réagi en condamnant ces arrestations et en exprimant son soutien aux membres de la famille Jerando détenus à la prison d’Oukacha à Casablanca.
Selon l’AMDH, ces interpellations viseraient à faire pression sur le blogueur et à le réduire au silence, en raison de ses révélations sur des affaires de corruption. L’association a également dénoncé l’arrestation de Malak, une jeune fille de 13 ans atteinte d’anémie et d’une maladie rare, ainsi que celle de Jamila Jerando, mère de l’adolescente, Abderrahim Tahiri et Ahmed Tahiri, tous proches du youtubeur.
L’AMDH réclame ainsi la libération immédiate des personnes arrêtées et qualifie ces détentions d’arbitraires.
La version du Parquet : des accusations de diffamation et de chantage
Face à ces contestations, le Procureur du Roi a tenu à apporter des précisions sur l’enquête en cours. Selon le communiqué du Parquet, les suspects sont poursuivis pour :
- Outrage à une institution constitutionnelle
- Outrage à un corps constitué
- Diffusion et publication de fausses allégations et de faits mensongers portant atteinte à la vie privée et diffamation
- Menaces et chantage
- Outrage à un avocat dans l’exercice de ses fonctions
L’enquête, confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), a été ouverte suite à une plainte déposée par une femme victime de diffamation et de menaces par téléphone.
Une mineure impliquée dans le chantage selon l’enquête
Concernant la mineure Malak, le Parquet a précisé qu’elle n’a pas été incarcérée, mais placée dans un centre de protection de l’enfance (Abdeslam Bennani) sur décision du juge des enfants.
Les investigations ont révélé que l’adolescente aurait joué un rôle dans l’achat et la mise à disposition de cartes SIM utilisées pour les actes de chantage et de diffamation, en lien avec un proche parent actuellement en fuite à l’étranger.
Le Procureur du Roi a également confirmé que l’enquête est toujours en cours, et que d’autres personnes sont actuellement en garde à vue dans les locaux de la BNPJ à Casablanca pour leur implication présumée dans cette affaire.
Ce dossier, mêlant accusations de diffamation, menaces et tensions politiques, continue de susciter de vifs débats. Reste à voir quelle issue judiciaire sera donnée à cette affaire, qui ne cesse de prendre de l’ampleur.