La Cour d’appel de Rabat a rendu ce lundi 30 juin son verdict dans le procès du journaliste Hamid El Mehdaoui, directeur de publication du site d’information Badil.info, en confirmant la peine d’un an et demi de prison ferme prononcée en première instance, ainsi qu’une amende de 1,5 million de dirhams à verser au ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, plaignant dans cette affaire.
Le jugement initial, rendu le 11 novembre dernier par le tribunal de première instance de Rabat, reprochait à Mehdaoui la diffusion de propos considérés comme diffamatoires, injurieux et mensongers à l’égard d’une personnalité publique. Les chefs d’accusation retenus s’appuient sur les articles 443, 444 et 447 du Code pénal marocain, relatifs à la diffamation, à l’injure publique et à l’atteinte à la vie privée.
L’affaire a vivement divisé l’opinion publique et suscité une forte mobilisation au sein de la communauté journalistique et des défenseurs des droits humains, qui dénoncent un jugement « sévère » et « inquiétant » pour l’avenir de la presse indépendante au Maroc. Pour certains, cette décision marque une escalade judiciaire contre les voix critiques, tandis que d’autres y voient une application légitime du droit à la protection de la réputation et de la vie privée.
Le comité de défense du journaliste a déjà annoncé son intention de se pourvoir en cassation, dénonçant un procès entaché d’irrégularités juridiques et un verdict qui porte atteinte à la liberté d’expression garantie par la Constitution marocaine et les conventions internationales.
Hamid El Mehdaoui n’en est pas à son premier bras de fer judiciaire avec les autorités. Ancien détenu d’opinion, il a déjà été incarcéré dans le cadre de précédentes affaires en lien avec ses prises de parole critiques. Son cas reste symbolique d’un climat tendu entre pouvoir judiciaire et journalisme engagé.
Alors que le Maroc affiche sur la scène internationale sa volonté de réformer le système judiciaire et de renforcer les libertés, cette condamnation pourrait ternir son image et relancer le débat sur l’équilibre entre liberté de la presse et droit à la protection individuelle.
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Nous réaffirmons la nécessité d’ouvrir une enquête impartiale et transparente sous la supervision du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en tant qu’instance garante de l’indépendance de la justice dans notre pays. Le recours aux institutions de l’État constitue un choix national et responsable, visant à faire triompher la vérité et à réaliser la justice dans le cadre d’un État de droit et d’institutions.
Nous rappelons également que la loi sur la presse et l’édition constitue le cadre juridique approprié et exclusif applicable aux affaires relatives à la presse et à la publication, comme l’a souligné l’ancien ministre de la Justice. Il convient dès lors de respecter la compétence spécifique des textes juridiques et d’éviter toute interprétation susceptible de vider ces textes de leur substance.
Nous continuerons à revendiquer l’application des dispositions légales sur un pied d’égalité, sans sélectivité ni exception, convaincus que la justice ne peut être pleinement réalisée que par l’application de la loi à tous, sans distinction.