Depuis plusieurs jours, les réseaux sociaux bruisent d’une affaire qui embarrasse le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. En cause, une transaction immobilière révélée par un document largement relayé en ligne, faisant état de l’achat, puis de la donation à son épouse, d’un bien de luxe à Rabat, dont la valeur déclarée soulève bien des interrogations. Ce dimanche, dans un entretien accordé à Hespress, le ministre est sorti de son silence pour tenter de désamorcer la polémique. Mais sa sortie, calculée et cadrée, peine à convaincre l’opinion.
Le bien concerné, estimé à environ 11 millions de dirhams, aurait été acheté en 2020 par Ouahbi, alors avocat, grâce à un crédit bancaire intégralement remboursé. En 2024, il en fait don à son épouse, mais en le déclarant à une valeur d’un million de dirhams. Une sous-évaluation qui a aussitôt fait naître des soupçons d’ordre fiscal. Le ministre assure pourtant avoir tout déclaré « en bonne et due forme » et rejette toute accusation d’évasion. Il affirme que ce don constitue une reconnaissance du « travail domestique » accompli par son épouse, sans salaire ni compensation, en conformité avec ses valeurs personnelles.
Mais cette justification, aussi symbolique soit-elle, ne dissipe pas les doutes. Si aucune infraction n’est formellement établie, la dimension éthique de la démarche continue d’agiter les débats. Le ministre dénonce pour sa part une campagne malveillante, orchestrée selon lui depuis l’étranger par une « cinquième colonne » et nourrie par des règlements de comptes politiques.
En parallèle, le ministère de la Justice finalise un projet de loi visant à renforcer le contrôle sur les biens saisis ou confisqués. Une ironie que certains n’ont pas manqué de souligner.
Entre posture défensive, accusation de complot et appel à la transparence, l’affaire Ouahbi révèle une fois encore le fossé grandissant entre les élites politiques et une opinion publique en quête d’exemplarité. Le ministre a-t-il convaincu ? Rien n’est moins sûr.