La vie politique en Afrique du Sud a pris subitement un virage inattendu, annonciateur de profonds changements dans le dossier du Sahara et les relations tendues avec le Maroc. Dernier allié de l’Algérie contre le Royaume, l’Afrique du Sud est désormais appelée à revoir sa position en raison de pressions internes l’invitant à repenser ses choix diplomatiques.
Ce rappel à l’ordre, conforme à une lecture plus équilibrée des relations internationales, est venu de la troisième force politique du pays, le MK, dont le leader n’est autre que Jacob Zuma, ancien président de la République. Celui-ci a appelé les autorités à regarder la réalité en face et à se tourner vers le Maroc, abandonnant les mirages entretenus par l’Algérie sur la question du Sahara. En contrepartie, Zuma propose un partenariat stratégique avec Rabat, capable de contribuer au retour du leadership de Pretoria sur la scène africaine.
L’ancien chef de l’État, qui a quitté le navire de l’ANC, le parti historique dominant, a tenu à clarifier ce changement de paradigme : il plaide en faveur de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, ainsi que de la légitimité de son plan d’autonomie, seul à même de clore le différend régional avec Alger. Il défend également l’idée d’un nouvel axe avec le Maroc, un pays avec lequel, selon lui, l’Afrique du Sud a tout à gagner sur les plans économique, politique et diplomatique, notamment à travers des projets structurants qui redessinent l’avenir du continent.
Cette realpolitik assumée par Jacob Zuma, qui n’a pas renoncé à un possible retour aux affaires, laisse entendre que l’alignement inconditionnel sur l’Algérie constitue une perte de temps et de ressources, au détriment d’une « carte marocaine » qui s’avère de plus en plus gagnante. Il affirme ainsi que la bataille portée par les séparatistes du Polisario est une cause perdue, dont l’Algérie ne tirera plus aucun bénéfice.
Cet aveu, aussi lucide que courageux, a ébranlé la classe politique sud-africaine, notamment le pouvoir actuel, qui a longtemps fait du Maroc un ennemi, oubliant — comme l’a rappelé Zuma — que le Royaume avait aidé l’Afrique du Sud à se libérer du joug colonial.
En réveillant les consciences et en mettant en lumière les réalités géopolitiques du continent, cette prise de position pourrait bien marquer la fin d’une alliance contre-nature entre l’Afrique du Sud et une Algérie plus isolée que jamais.
Par Jalil Nouri
Bonne nouvelle. Cependant, votre illustration montre l’algérien coiffé du tarbouche marocain (FEZ)