Le paysage politique sud-africain vient de connaître un virage inattendu. Dans un mémorandum diffusé cette semaine, uMkhonto we Sizwe (MK) – formation fondée fin 2023 par l’ancien président Jacob Zuma et désormais troisième force à l’Assemblée nationale avec 58 sièges – apporte un soutien explicite à la “marocanité” du Sahara occidental. Le texte affirme que la région « faisait partie du Maroc avant la colonisation espagnole » et que la souveraineté de Rabat « doit être respectée ».
Ce positionnement isole un peu plus l’ANC du président Cyril Ramaphosa, traditionnel allié du Polisario, tandis que la principale opposition, l’Alliance démocratique (87 députés), se garde de tout enthousiasme pro-séparatiste. Pour Pretoria, habituée à défendre sans nuance la cause sahraouie, la déclaration du MK fait l’effet d’un pavé dans la mare.
Le parti de Zuma évoque même le plan d’autonomie marocain comme « une voie équilibrée pour la stabilité, la paix et le développement », plaidant pour un rapprochement entre Rabat et Pretoria. Un rappel opportun : en novembre 2017, Zuma avait rencontré le roi Mohammed VI en marge du sommet UA-UE à Abidjan, suscitant l’ire de l’aile dure de l’ANC. « Le Maroc est une nation africaine, nous devons dialoguer avec elle », avait-il déclaré alors.
L’initiative du MK intervient alors que l’Afrique du Sud est elle-même confrontée, au Cap, à un mouvement indépendantiste relayé jusqu’aux États-Unis par Donald Trump. Dans ce contexte, la dénonciation systématique du “droit à l’autodétermination” pourrait se retourner contre Pretoria.
En replaçant le dossier saharien dans son contexte historique et juridique, le parti de Zuma oblige la diplomatie sud-africaine à réévaluer une position devenue minoritaire sur le continent. À moins de dix points d’un top 10 africain désormais acquis à l’option marocaine, l’ANC se retrouve, pour la première fois, en porte-à-faux. Reste à savoir si ce coup de semonce parlementaire débouchera sur un véritable réalignement diplomatique.
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