Les incendies de forêt en Espagne, qui ont ravagé des dizaines de milliers d’hectares, ont fini par être maîtrisés au prix de lourds efforts, de pertes humaines et de dégâts matériels considérables. Ils laissent derrière eux des paysages dévastés à travers le pays… mais aussi le souvenir d’un homme, un Marocain devenu héros dans son village de Galice, et désormais icône du courage face aux flammes.
Toute l’Espagne lui rend aujourd’hui hommage. Les médias le saluent unanimement, le présentant comme l’un de ces étrangers qui ont sauvé plus de vies que bien des Espagnols de souche. Ahmed, lui, reste d’une modestie exemplaire. Il affirme n’avoir fait que son devoir et assure que, si c’était à refaire, il n’hésiterait pas à se sacrifier une nouvelle fois.
Pendant plusieurs heures, alors que les secours tardaient à arriver, ce héros des temps modernes a combattu l’incendie avec des moyens rudimentaires : un simple seau d’eau, des branches d’arbres, et surtout une détermination sans faille. Ignorant le danger, il a aidé les familles apeurées de son voisinage à quitter leurs maisons encerclées par les flammes, évacuant une à une les personnes et leurs animaux. Il n’a cessé son combat, malgré ses blessures, qu’à l’arrivée tardive des pompiers, stupéfaits de découvrir qu’il avait, seul, stoppé la progression du feu et sauvé tout un quartier.
Ce récit a été largement médiatisé, au moment même où l’extrême droite locale relançait sa campagne habituelle contre les élus favorables à l’accueil des migrants, en particulier musulmans comme Ahmed. Un discours qui passe sous silence un geste héroïque, pourtant susceptible de réduire à néant leurs arguments électoraux.
Par Jalil Nouri