Des rapports d’audits menés par les magistrats des Cours régionales des comptes de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Béni Mellal-Khénifra lèvent le voile sur des dysfonctionnements graves dans la gestion des subventions et aides publiques accordées aux associations par plusieurs communes du Royaume. Les inspections, menées dans le cadre du contrôle de l’utilisation des fonds publics, mettent en lumière un ensemble d’irrégularités révélatrices d’un système où la transparence est loin d’être garantie.
Fraudes, détournements, conflits d’intérêts et montages douteux : les révélations sont préoccupantes. Selon les magistrats, certains présidents d’associations auraient été utilisés comme de simples « façades » pour exécuter des projets communaux financés par de l’argent public. Une pratique qui contourne les règles de probité et ouvre la voie à des arrangements opaques entre élus et structures associatives.
Les audits indiquent également que des responsables associatifs détournaient tout ou partie des fonds reçus pour des usages strictement personnels, sans aucun suivi comptable rigoureux de la part des entités donatrices.
Plus inquiétant encore : des présidents de communes auraient créé ou financé des associations parallèles, placées sous leur propre autorité ou dirigées par des proches. Ces structures serviraient ensuite à réaliser des projets financés par le budget communal ou des aides publiques — tels que l’aménagement de pistes rurales ou des programmes générateurs de revenus — tout en collaborant parfois avec des entreprises appartenant à ces mêmes élus. Une situation qui constitue une violation manifeste des règles de prévention des conflits d’intérêts.
Les magistrats pointent également du doigt des associations sociales et éducatives qui, malgré des financements publics destinés à des missions précises, n’ont pas respecté l’obligation d’utiliser les fonds dans le cadre prévu. Une partie des aides aurait servi à des dépenses personnelles, à des activités non convenues dans les contrats, ou à des opérations sans justificatifs.
Enfin, les rapports révèlent un phénomène préoccupant : certaines associations ont été transformées en véritables « réserves électorales ». Elles auraient servi à mobiliser des électeurs en échange de soutiens financiers ou logistiques, fournis en marge des procédures légales. Ces pratiques renforcent le soupçon d’un usage clientéliste des fonds publics, au détriment du développement local et de l’intérêt général.
Face à ces dérives, les Cours régionales des comptes appellent à l’application stricte de la loi et à une refonte en profondeur du mécanisme d’octroi et de contrôle des aides publiques, afin de garantir transparence, reddition des comptes et gouvernance responsable.










Contactez Nous