Le géant de la santé privée Akdital, dont l’ascension fulgurante et les performances financières XXL ont longtemps suscité l’admiration — et parfois l’envie — d’une partie du secteur, vient de connaître un revers inattendu. Le groupe, habitué aux succès sans entraves, a trébuché avec fracas face aux médecins du secteur privé, qui n’ont eu besoin ni de longs débats ni de bras de fer prolongé pour faire reculer l’un des acteurs les plus puissants de la santé au Maroc.
Fort de sa success-story et convaincu de pouvoir encore accroître ses revenus déjà colossaux, le management d’Akdital avait dévoilé une ambitieuse stratégie : la création d’un vaste réseau national de centres de diagnostic de proximité, destiné à combler l’insuffisance de structures publiques dans les régions éloignées comme dans les zones urbaines. Une vision audacieuse, certes, mais qui n’a pas anticipé les obstacles réglementaires… et surtout l’ampleur de l’opposition corporatiste.
La première riposte est venue sans surprise des syndicats des médecins du secteur privé. Pour eux, ce projet relevait clairement d’une concurrence déloyale et d’une tentative de mainmise sur le marché des actes de diagnostic. Ils l’ont exprimé haut et fort devant le Conseil de la concurrence, dès l’annonce du dossier par Akdital.
Un front uni de praticiens s’est alors levé, dénonçant une volonté de monopolisation du secteur par un groupe déjà tentaculaire. Face à la pression, Akdital a préféré remiser son projet au fond d’un tiroir — non pas définitivement, mais en attendant des jours meilleurs — sous-estimant manifestement la capacité d’organisation et de mobilisation des médecins, prêts à défendre leur activité contre toute menace structurelle.
Cette déconvenue constitue la première véritable bataille perdue par Akdital depuis son expansion fulgurante. Pour la première fois, le groupe, qui multipliait les réussites et étendait même ses activités vers les pays du Golfe, se heurte à plus fort que lui. Un rappel que, même pour les champions incontestés de la santé privée, certaines ambitions nécessitent plus que des investissements massifs : elles exigent un consensus sectoriel.
Par Jalil Nouri










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