L’opposant algérien Fethi Ghares, figure emblématique de la gauche laïque et ancien leader du Mouvement démocratique et social (MDS), a été condamné mardi à deux ans de prison ferme par le tribunal de Hussein-Dey, près d’Alger. Selon son avocat, Me Abdelghani Badi, la décision sanctionne des déclarations jugées offensantes envers le président Abdelmadjid Tebboune, faites lors d’une rencontre médiatique.
Ghares, poursuivi pour « outrage à corps constitué » et « propagation de fausses informations susceptibles de porter atteinte à l’ordre public », reste toutefois en liberté provisoire dans l’attente de son procès en appel. Le tribunal a également prononcé une amende de 300 000 dinars (environ 2 000 euros), confirmant ainsi les réquisitions du parquet, selon son autre avocate, Me Fetta Saddat.
Un opposant habitué aux poursuites judiciaires
Ce militant de longue date, connu pour ses prises de position virulentes contre le régime, n’en est pas à sa première condamnation. Il avait déjà été arrêté en août 2024, quelques jours avant l’élection présidentielle du 7 septembre, pour des propos jugés insultants envers le chef de l’État. En janvier dernier, il avait été condamné à un an de prison ferme, peine confirmée en appel au mois de mai avant un pourvoi en Cassation.
En juin 2021, Fethi Ghares avait également été arrêté et écroué dans le sillage du Hirak, le mouvement pro-démocratie qui avait provoqué la chute d’Abdelaziz Bouteflika. Il avait alors écopé de deux ans de prison avant d’être libéré en mars 2022, à la suite d’une réduction de peine.
Un symbole d’une opposition muselée
La nouvelle condamnation de Fethi Ghares s’inscrit dans un contexte politique de plus en plus répressif en Algérie, où les voix dissidentes sont régulièrement poursuivies pour des motifs liés à la sécurité nationale ou à l’ordre public.
Le Mouvement démocratique et social (MDS), dont il était le coordinateur national et qui avait joué un rôle moteur durant le Hirak, a été dissous en février 2023, privant ainsi la gauche laïque d’un de ses principaux relais politiques.
Dans une vidéo publiée après l’ouverture de son procès le 14 octobre, Ghares affirmait qu’on lui reprochait simplement d’avoir critiqué le président Tebboune et sa volonté de réviser la loi électorale, dénonçant un climat où la liberté d’expression est systématiquement criminalisée.
Un procès emblématique du durcissement du régime
Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle affaire illustre la fermeture progressive de l’espace politique en Algérie, où les figures du Hirak, les journalistes indépendants et les militants des droits de l’homme sont régulièrement visés par des procédures judiciaires.
Le cas Ghares, à lui seul, incarne le bras de fer entre l’État et une opposition marginalisée, mais toujours déterminée à réclamer des réformes démocratiques.