L’Inspection générale de l’administration territoriale s’apprête à ouvrir un vaste audit sur les amicales d’habitation gérées par des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Créées dans un esprit de solidarité, ces structures étaient censées faciliter l’accès au logement pour les agents publics à revenu modeste, à travers l’acquisition de terrains de l’État ou des collectivités à des prix préférentiels.
Mais au fil du temps, ce dispositif solidaire semble avoir été détourné de sa vocation initiale, au profit d’intérêts particuliers. Selon des informations rapportées par le quotidien Al Akhbar, plusieurs amicales auraient permis à des personnes extérieures à la fonction publique de bénéficier de lots de terrain, tandis que certains responsables n’auraient pas hésité à favoriser des membres de leur famille, qui ont ensuite revendu les terrains à prix fort.
Plus préoccupant encore : l’exclusion progressive des fonctionnaires modestes, pourtant premiers bénéficiaires visés. Des critères d’adhésion jugés arbitraires, l’exigence de versements immédiats, ou encore le refus de facilités de paiement ont rendu l’accès au logement plus difficile pour ceux qu’il était censé soutenir. Certains bureaux dirigeants auraient ainsi conservé un excédent de lots, qu’ils ont ensuite vendus selon des pratiques spéculatives, trahissant totalement l’esprit d’entraide et de justice sociale.
L’opacité entoure également les partenariats conclus avec des promoteurs immobiliers, qui auraient été noués en dehors des procédures réglementaires d’appel d’offres, ouvrant la voie à de potentiels conflits d’intérêts et à des irrégularités financières graves.
Face à ces dysfonctionnements systémiques, les autorités s’apprêtent à sévir. L’audit annoncé pourrait marquer un tournant décisif dans la moralisation de la gestion des amicales d’habitation, en identifiant les abus et en imposant des règles de transparence strictes. Il s’agit aussi de restaurer la confiance dans un dispositif né de l’idée noble de solidarité entre agents publics.