Le fait est d’une gravité extrême, car il a visé et porté atteinte à la stature de la première banque du pays, dans une première fraude du genre par l’intelligence artificielle — un délit qui pousse à se poser de nombreuses questions sur ce phénomène qui, il faut l’espérer, ne se reproduira pas si l’on parvient à s’en prémunir.
Du moins, il faut espérer que la parade viendra rapidement. Mais on ne sait jamais dans un domaine mouvant, sans limites et sans éthique, conçu comme tel par ses inventeurs, qui se voient aujourd’hui interpellés et appelés à combler les failles.
La grande institution Attijariwafa bank a appris à son corps défendant que son identité a non seulement été piratée, mais également que la personne, la voix, l’image et la fonction de son président-directeur général, Mohammed Kettani, ont été utilisées pour faire la promotion d’une plateforme d’investissement fictive, conçue dans l’espoir d’attirer frauduleusement des clients, sans gêne, avec une outrecuidance inqualifiable qui place les activités numériques criminelles au centre du débat sur les dérives de l’IA.
De plus, et parallèlement, c’est un autre détournement qui est venu se greffer à cette arnaque : l’usurpation de l’identité du quotidien national « Le Matin », dont le patron est un ancien cadre de cette banque, pour associer son titre à ce projet crapuleux qui, en l’espace de quelques minutes, a semé le doute dans les esprits et les milieux bancaires. Une manœuvre qui aurait pu entamer la confiance d’une large frange de la population, découvrant avec étonnement cette manipulation visant la plus grande banque du pays, laquelle appartient de surcroît à la plus haute autorité du Royaume.
L’opération, si judicieusement menée avec malice et professionnalisme, aurait pu paraître crédible auprès d’un public non averti et peu au fait de telles pratiques devenues courantes, susceptible d’être piégé et de confier son argent à cette plateforme frauduleuse orchestrée par de nouvelles mafias numériques.
Par Jalil Nouri










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