Longtemps considérée comme l’un des piliers de l’économie espagnole, l’industrie automobile traverse une zone de turbulences. Avec près de 10 % du PIB et 9 % de l’emploi national, elle demeure stratégique, mais son avenir semble de plus en plus fragilisé par une double pression : la transition mondiale vers le véhicule électrique et la montée en puissance d’un concurrent inattendu, situé juste de l’autre côté de la Méditerranée : le Maroc.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon la presse espagnole, le coût de main-d’œuvre pour produire une voiture atteint environ 955 dollars en Espagne, contre seulement 106 dollars au Maroc, soit neuf fois moins. Cette différence abyssale en matière de compétitivité place les constructeurs devant un choix stratégique : continuer à investir dans la péninsule ibérique ou transférer une partie de la production vers les usines marocaines, déjà courtisées par les grands groupes.
Le Royaume, porté par sa “stratégie d’accélération industrielle”, ambitionne de devenir un hub incontournable de l’automobile en Europe. Grâce à son positionnement géographique, son port de Tanger Med – l’un des plus performants au monde –, ses coûts énergétiques réduits et sa flexibilité réglementaire, Rabat attire massivement les investissements. Sa capacité annuelle, aujourd’hui fixée à environ 500 000 véhicules, pourrait atteindre 2 millions d’unités d’ici 2030.
Pour l’Espagne, deuxième producteur européen derrière l’Allemagne et 18ᵉ au niveau mondial, le défi est majeur. Avec une production de plus de 2,3 millions de véhicules par an, elle risque de voir s’éroder son rang si les délocalisations s’accélèrent à l’horizon 2027.
Selon La Razón, le salut pourrait venir de politiques européennes plus audacieuses, visant à alléger certaines contraintes réglementaires et à stimuler l’innovation. Faute de quoi, l’Espagne pourrait bien perdre son statut de bastion automobile européen au profit du Maroc, désormais considéré comme l’un des nouveaux champions mondiaux de l’industrie automobile.
Par Mounir Ghazali