Un rapport récent de « l’Observatoire de la politique chinoise » met en lumière l’inflexion pragmatique de Pékin sur la question du Sahara. Sans s’écarter de sa doctrine de non-ingérence, la Chine a renforcé ses liens avec le Maroc par des accords et un dialogue stratégique fondés sur le respect de l’intégrité territoriale et le refus de la sécession. Dans les enceintes multilatérales, elle adopte une neutralité active : aucun soutien au « Polisario », pas de veto contre les résolutions centrales, et une abstention, le 31 octobre 2025, qui a permis l’adoption d’un texte entérinant le plan d’autonomie marocain comme solution « réaliste et durable ».
Le rapport souligne que le vote chinois n’est pas monolithique : Pékin a appuyé le renouvellement de la MINURSO en octobre 2023, mais s’est abstenue en 2018 lors du vote de la résolution 2414. Cette approche au cas par cas reflète des considérations géo-économiques. La Chine identifie le Maroc comme plateforme industrielle et logistique vers l’Afrique et la Méditerranée, partenaire fiable depuis le « partenariat stratégique à multiples volets » scellé en 2016, et acteur disposant d’atouts minéraux (phosphates, minerais critiques) propices à des chaînes d’approvisionnement sécurisées. Les échanges bilatéraux ont dépassé 9 milliards de dollars en 2024, la Chine demeurant le premier partenaire asiatique du Royaume.
Rabat, de son côté, soutient le principe d’« une seule Chine » et n’accorde pas de reconnaissance à Taïwan, un paramètre clé pour Pékin. Sans l’annoncer formellement, la Chine penche de facto pour une issue fondée sur l’autonomie sous souveraineté marocaine, privilégiant stabilité régionale et sécurité des investissements tout en préservant des canaux ouverts avec les États soutenant la thèse séparatiste, notamment l’Algérie.
Conclusion : Le dernier vote au Conseil de sécurité marque ainsi un tournant clair, rompant avec l’équilibre traditionnellement prudent de la diplomatie chinoise. Ce glissement mesuré s’explique avant tout par les intérêts économiques et stratégiques croissants que la Chine entretient avec le Maroc et, plus largement, avec l’ensemble de la région du Maghreb.










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