Il est grand temps de poser la question : à quoi servent réellement les tarifs élevés imposés par la société des Autoroutes du Maroc (ADM) si le service rendu laisse tant à désirer ? Mercredi matin, un accident survenu sur le tronçon Larache-Tanger a mis à nu, une fois de plus, les failles criantes dans la gestion des situations d’urgence sur notre réseau autoroutier.
Des milliers d’automobilistes ont été bloqués pendant plus d’une heure et demie, sans information, sans assistance, parfois sans même comprendre les raisons de leur immobilisation. Résultat : des familles en panique, des professionnels furieux d’avoir manqué des rendez-vous cruciaux, et même des voyageurs ayant raté leurs vols. Une désorganisation totale, où l’absence de réactivité et de communication de la part des services de l’ADM interroge et indigne.
Après près de deux heures d’immobilisation, les usagers ont dû s’acquitter du péage sans la moindre excuse ni réduction. Un comble pour un service inefficace, où l’on paie plein tarif, sans discussion, malgré les préjudices causés par la mauvaise gestion de l’incident.
Mais le drame de l’autoroute marocaine ne s’arrête pas à cette gestion chaotique des accidents. Le second point noir, devenu presque une norme, est l’invasion des mendiants, présents devant chaque poste de péage. Enfants, femmes, vieillards, postés aux barrières de paiement, tendant la main aux automobilistes à toute heure du jour… ou de la nuit. Une scène surréaliste, souvent observée dès 6 heures du matin, sous les yeux des agents chargés de la surveillance et du maintien de l’ordre.
Ce phénomène inquiétant, qui se généralise sur toutes les autoroutes du royaume, porte atteinte à l’image d’un Maroc censé accueillir les plus grands événements internationaux, qu’ils soient sportifs, diplomatiques ou culturels. Il y a là un paradoxe saisissant entre l’ambition du Maroc moderne et les réalités de terrain, où les autoroutes deviennent le reflet d’une gestion défaillante, indifférente aux doléances des usagers.
À l’heure où le Royaume veut rayonner à l’échelle mondiale, il est urgent que l’ADM assume ses responsabilités, améliore ses interventions d’urgence, renforce la sécurité des usagers et élimine ces scènes humiliantes aux péages. Car on ne peut pas aspirer à l’excellence avec des autoroutes qui donnent à voir le pire.
Par Abdelrhn Bensaid
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