La scène, autrefois réservée aux carrefours urbains ou aux sorties de mosquées, prend désormais racine à un nouveau carrefour de notre quotidien : les péages d’autoroute. Sur le tronçon Kénitra-Tanger, précisément aux deux gares de péage principales, un phénomène inquiétant s’installe : des jeunes, souvent mineurs, tendent la main aux automobilistes au moment où ceux-ci s’apprêtent à retirer leur ticket ou à payer leur passage. Sourire triste ou regard insistant, parfois une phrase à peine audible, mais toujours le même geste : une main tendue entre la barrière et la portière.
Ce qui choque n’est pas seulement l’intrusion dans un espace supposé sécurisé, mais surtout l’indifférence des autorités locales. Le plus consternant dans cette affaire, c’est que le poste de la Gendarmerie royale est situé à quelques mètres à peine de ces jeunes mendiants, sans que cela ne semble perturber qui que ce soit. Pas de patrouille. Pas d’interpellation. Pas de mesure dissuasive.
Autre point préoccupant : la gêne manifeste ressentie par les conducteurs. Pris au dépourvu à un moment de concentration – celui où l’on cherche sa monnaie –, beaucoup se sentent mal à l’aise, contraints de détourner le regard ou de justifier leur refus dans l’urgence du passage, voire fermer la vitre. Cette pression morale, même silencieuse, crée un climat pesant et inadapté à un environnement autoroutier censé rester neutre et fluide.
La présence de ces jeunes à cet endroit n’est pas qu’un fait de société. Elle traduit un double échec : celui de la sécurité routière et celui de la protection de l’enfance. Ces gares de péage, censées être des points de régulation, deviennent des lieux de détresse exposée et d’absence flagrante d’État.
Cette banalisation de la mendicité sur un axe autoroutier, là où chaque voiture ralentit, devient une opportunité pour solliciter la charité — ou, pire, pour organiser une mendicité organisée sous couvert d’indifférence. À quand une réaction digne de ce nom ? Le silence des autorités vaut-il approbation ?
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Ajoutez à cela la mendicité dans les aires de repos qui prend aussi de plus en plus d’ampleur sous l’œil indifférent des autorités.