L’amnistie fiscale visant à régulariser les avoirs liquides non déclarés a permis une injection significative de 60 milliards de dirhams dans le système bancaire marocain, offrant ainsi un soulagement à court terme face aux tensions de liquidité. Cependant, cette mesure, bien qu’efficace à court terme, ne résout pas les défis structurels persistants liés à la liquidité bancaire, qui continuent de peser sur l’économie marocaine.
Une bouffée d’oxygène à court terme
Selon Mostafa El Jai, universitaire et économiste cité par L’Économiste, cette injection a permis de réduire les tensions de trésorerie des banques, particulièrement affectées par les taux d’intérêt compétitifs sur le marché boursier. Cet afflux de fonds a eu des effets immédiats :
- Les interventions hebdomadaires de Bank Al-Maghrib (BAM) ont été réduites, passant de 156 milliards à 144 milliards de dirhams.
- Les avances à 7 jours, un indicateur clé de la liquidité bancaire, ont également diminué, passant de 60 à 53 milliards de dirhams.
Ces ajustements ont atténué les pressions sur le marché interbancaire, mais les experts rappellent que ces effets sont temporaires et ne traitent pas les causes profondes du déficit de liquidité.
Opportunités à moyen terme
L’amnistie fiscale ouvre néanmoins des perspectives intéressantes pour l’économie réelle. Les banques, disposant d’une marge de manœuvre élargie, peuvent :
- Financer davantage l’investissement et la consommation, stimulant ainsi la croissance économique.
- Renforcer les finances publiques grâce à l’achat de bons du Trésor.
- Dynamiser les marchés financiers, notamment la Bourse de Casablanca, en incitant leurs clients à investir.
Ce cercle vertueux, s’il est bien exploité, pourrait avoir des retombées positives sur le long terme.
Des défis structurels persistants
Malgré cette injection de liquidités, le déficit structurel de la liquidité bancaire reste préoccupant. Bank Al-Maghrib prévoit une augmentation continue des besoins de refinancement, atteignant 164,6 milliards de dirhams en 2025 et 192,3 milliards en 2026.
Le déficit moyen de liquidité bancaire s’est aggravé, passant à –148,46 milliards de dirhams, soit une hausse de 12,39 %. Bien que les avances à 7 jours aient légèrement reculé à 53,3 milliards de dirhams, BAM prévoit de renforcer ses interventions, avec une augmentation de ces avances à 57,4 milliards de dirhams dans les prochaines semaines pour stabiliser la situation.
Une réforme nécessaire pour le futur
Les experts soulignent que l’amnistie fiscale, bien qu’efficace comme solution temporaire, ne peut pallier à elle seule les lacunes structurelles du système bancaire. La dépendance du secteur aux interventions de BAM révèle une nécessité urgente de diversifier les sources de financement.
« Le Maroc devra explorer de nouvelles solutions, telles que l’encouragement des investissements étrangers, la mobilisation de l’épargne nationale ou encore le développement de produits financiers innovants pour réduire la pression sur les banques », suggère un professionnel des marchés financiers.