Abdelilah Benkirane est sorti de sa réserve pour dénoncer avec fermeté la proclamation d’indépendance de la Kabylie annoncée depuis Paris par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et l’Anavad (gouvernement kabyle en exil). Le secrétaire général du PJD y voit une « faute grave » et un « complot colonial », estimant que cette initiative ouvre une brèche dangereuse pour la stabilité de l’Algérie… et, au-delà, de tout le Maghreb.
La sortie de l’ancien chef du gouvernement marocain intervient au lendemain d’une séquence très médiatisée : le 14 décembre 2025, le MAK a organisé à Paris une cérémonie au cours de laquelle son leader, Ferhat Mehenni, a proclamé la naissance d’une « République fédérale » kabyle, présentée comme « laïque et démocratique » par ses promoteurs. Un acte essentiellement symbolique sur le plan juridique, mais lourd de conséquences politiques, tant il réactive les lignes de fracture identitaires et les tensions régionales.
Pour Benkirane, la ligne rouge est claire : la séparation, dit-il, est inacceptable, non seulement au nom de la cohésion des États, mais aussi au nom d’un principe qu’il invoque explicitement sur le plan religieux : l’unité de la Oumma. Dans son argumentaire, la région n’a pas besoin d’une fracture supplémentaire : « nous sommes déjà suffisamment divisés », a-t-il martelé devant les membres du secrétariat général de son parti, appelant les populations kabyles à ne pas rompre le lien national malgré les difficultés.
Son discours vise aussi ceux qui, dans l’espace médiatique ou sur les réseaux, se réjouissent d’un tel épisode. Benkirane les met en garde : ce type de dynamique, selon lui, ne s’arrête jamais aux frontières d’un seul pays. Il décrit une mécanique qui, une fois enclenchée, peut alimenter des effets de contagion et fragiliser durablement l’architecture maghrébine, déjà minée par les tensions politiques et l’absence d’intégration régionale.
En toile de fond, la question kabyle reste hautement inflammable en Algérie. Les autorités algériennes considèrent le MAK comme une organisation hostile et dénoncent régulièrement ce qu’elles perçoivent comme des appuis extérieurs. Dans ce climat, la proclamation parisienne, même dépourvue d’effets immédiats, agit comme un révélateur : elle remet au centre le rapport complexe entre revendication identitaire, centralisme d’État et usages politiques du principe d’autodétermination.











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