Le 27 janvier 2025, lors de la 20ᵉ édition du Bocuse d’Or, prestigieux concours gastronomique international tenu à Chassieu, près de Lyon, le Maroc a terminé à la 24ᵉ et dernière place. Malgré ce classement, cette participation demeure une opportunité pour la mise en valeur de la gastronomie marocaine sur la scène mondiale.
L’équipe marocaine, dirigée par le chef Yassine Bogdad, assisté de son commis Youssef Lamghani et encadrée par le coach Ahmed Bem Semlali, a obtenu un total de 1 075,5 points. Ce score se répartit comme suit : 469 points pour le « thème assiette », 517 points pour le « thème plateau » et 239,5 points attribués par le « kitchen jury ». Une pénalité de 150 points a également été appliquée.
Les candidats disposaient de 4h40 pour concevoir un plat à base de céleri, maigre et homard, ainsi que 5h30 pour un plateau mettant à l’honneur le chevreuil, le foie gras et le thé, tout en valorisant l’identité culinaire de leur pays. Malgré une prestation en deçà des attentes, Jérôme Bocuse, fils du légendaire Paul Bocuse, a tenu à saluer la richesse de la cuisine marocaine, la qualifiant de « populaire, savoureuse et authentique ».
Le podium de cette édition a été dominé par la France, représentée par le chef Paul Marcon, qui a décroché la première place avec 2 070,5 points, suivie du Danemark (2 017 points) et de la Suède (1 968 points).
Un apprentissage pour l’avenir
Participer à un concours de cette envergure est un défi en soi, et bien que le résultat ne soit pas à la hauteur des ambitions marocaines, cette expérience doit servir de levier pour progresser. Une leçon importante de cette édition est l’importance de l’anticipation et d’un entraînement rigoureux sur le long terme. Attendre 30 jours avant l’événement pour se préparer est largement insuffisant face à des nations qui consacrent des mois, voire des années, à l’entraînement.
Désormais, il est crucial pour le Maroc de mettre en place une véritable structure de formation dédiée aux concours gastronomiques internationaux, en intégrant :
- Des entraînements réguliers,
- Des simulations de compétition,
- Une préparation approfondie aux exigences techniques du Bocuse d’Or.
L’objectif ne doit pas se limiter à la participation, mais à une réelle ambition de porter la gastronomie marocaine vers l’excellence. En investissant dans un programme structuré et en adoptant une vision à long terme, le Maroc pourra, lors des prochaines éditions, rivaliser avec les meilleures nations culinaires et obtenir un classement plus honorable dans ce concours d’exception.
L’éclairage de Karim Rahal sur la participation marocaine
Interrogé par Actu-Maroc sur le mauvais classement de l’équipe marocaine, Karim Rahal, acteur majeur de la gastronomie marocaine, a tenu à replacer cette expérience dans un contexte plus large.
« Merci pour l’opportunité de partager mon point de vue sur la participation du Maroc au Bocuse d’Or 2025.
Bien que le résultat ait pu sembler en deçà des attentes, notamment en raison d’un problème technique indépendant de notre volonté, il est important de souligner que la simple présence du Maroc, en tant que champion d’Afrique, à une compétition aussi prestigieuse est déjà une victoire en soi. Elle témoigne du dynamisme et de l’ambition de notre gastronomie à se hisser au niveau des grandes cuisines internationales. Chaque édition est une occasion d’apprentissage, et cette expérience doit être analysée avec un regard constructif. »
Il propose plusieurs axes d’amélioration pour mieux préparer les talents marocains aux prochaines éditions :
- Renforcement de la formation et de l’accompagnement :
« Un entraînement intensif, inspiré des méthodes des grandes équipes européennes et asiatiques, pourrait être bénéfique. Cela passe par des stages avec des chefs ayant déjà une expérience du Bocuse d’Or. » - Sélection et préparation en amont :
« Il serait pertinent de mettre en place un processus de sélection plus précoce, permettant aux candidats de bénéficier d’une préparation sur plusieurs années plutôt que quelques mois. » - Mise en avant des spécificités marocaines :
« Tout en respectant les exigences techniques du concours, il serait judicieux de valoriser encore davantage les ingrédients et techniques typiques du Maroc afin de marquer les esprits et de se démarquer. » - Soutien institutionnel et privé accru :
« Depuis plus d’une dizaine d’années, nous avons pris en charge le financement de ce genre de compétition. Aujourd’hui, un accompagnement financier et logistique plus soutenu de la part des institutions et du secteur privé permettrait d’offrir aux candidats les meilleures conditions de préparation. »
Vers une ambition plus grande pour la cuisine marocaine
Cette participation, bien que décevante sur le plan du classement, reste une vitrine précieuse pour la gastronomie marocaine. Chaque étape franchie contribue à renforcer la reconnaissance du Maroc sur la scène culinaire mondiale.
Avec un travail stratégique et collectif, un soutien accru et une préparation plus rigoureuse, le Maroc peut viser un classement plus honorable lors des prochaines éditions du Bocuse d’Or.