En politique, chaque chute laisse un vide que d’autres s’empressent de combler. Le récent déclin de l’ANC (African National Congress) aux élections générales du 29 mai en Afrique du Sud annonce un bouleversement géopolitique majeur. Pour la première fois depuis 1994, le parti de Nelson Mandela a perdu sa majorité absolue au Parlement.
Contraint de former une coalition, l’ANC explore diverses options. Une alliance avec le parti Economic Freedom Fighters (EFF) est discutée, mais cette coalition est compliquée par les tensions internes, notamment avec le parti uMkhonto we Sizwe (MK) dirigé par Jacob Zuma. Cette configuration ne promet guère de changement dans la position de Pretoria sur le Sahara marocain.
Cependant, un autre scénario pourrait bénéficier au Maroc : un rapprochement entre l’ANC et l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition. Cette formation libérale, arrivée seconde avec 22 % des voix, prône une politique étrangère moins alignée sur les alliés traditionnels de l’ANC comme la Russie, l’Algérie et Cuba. Ce repositionnement pourrait influer favorablement sur la position sud-africaine concernant le Sahara marocain, en réduisant le soutien aux séparatistes du Polisario.
Le Maroc, avec sa diplomatie agile et sa stratégie économique, pourrait tirer profit de cette situation pour consolider son influence sur le continent africain. Le Royaume a déjà investi massivement en Afrique dans les infrastructures, les télécommunications et les énergies renouvelables. Un changement de gouvernement en Afrique du Sud pourrait renforcer ces liens économiques et repositionner le Maroc comme un leader régional.
Cette perspective nécessite une navigation prudente dans ce nouveau paysage politique. L’instabilité en Afrique du Sud offre des opportunités, mais la route vers un alignement plus favorable reste incertaine. Le Maroc peut espérer que les vents du changement soufflent en sa faveur, tout en restant vigilant.