Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, entame ce vendredi un déplacement délicat en Chine, porteur d’espoirs pour une issue définitive au conflit du Sahara. Le ministre des Affaires étrangères se trouve sur tous les fronts en amont de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, prévue en octobre, et a rapidement répondu à l’invitation de son homologue chinois pour une visite officielle.
Cette séquence est d’une importance majeure. Elle pourrait ouvrir des perspectives nouvelles si Bourita parvient à convaincre Pékin d’évoluer sur le Sahara marocain, après s’être cantonnée, pendant des décennies, à une position de neutralité — souvent matérialisée par des abstentions lors des votes onusiens, à l’instar de la Russie.
La prudence chinoise s’explique aussi par le souci de rester alignée sur son allié stratégique russe tout en ménageant deux partenaires clefs : le Maroc, acteur économique de premier plan, et l’Algérie, partie prenante du conflit. Les deux relations offrent des avantages économiques et industriels que Pékin entend préserver, même si les échanges avec le Royaume ne sont pas négligeables.
Malgré des investissements importants en territoire marocain et des relations bilatérales jugées exemplaires — saluées par le président Xi Jinping, qui a souligné le rôle de Rabat comme porte d’entrée en Afrique —, la ligne chinoise est restée marquée par un statu quo, nourri aussi par les pressions algériennes. Le Maroc s’en est accommodé jusqu’ici, non sans compréhension à l’égard d’une position devenue difficile à tenir. Mais, à la veille d’un vote décisif au Conseil de sécurité en octobre, Rabat estime l’instant venu pour un clarification : selon l’entourage diplomatique, le message porté par Bourita à Pékin sera limpide — « maintenant ou jamais » — afin que la Chine affirme concrètement l’attachement qu’elle dit avoir pour ses liens avec le Royaume.
Par Jalil nouri