La vaste campagne de lutte contre les constructions anarchiques et les infractions urbanistiques se poursuit dans la province de Nouaceur. Depuis mercredi, l’un des bâtiments les plus luxueux de la commune de Bouskoura est en cours de démolition, sur décision des autorités locales, pour violation manifeste des lois relatives à l’urbanisme et à l’utilisation des sols.
Cette opération, spectaculaire par l’ampleur du chantier et la valeur de l’investissement, s’inscrit dans une série d’actions menées depuis plusieurs semaines pour remettre de l’ordre dans un territoire soumis à une pression urbaine croissante aux portes de Casablanca.
Un complexe de luxe sur terrain agricole
Selon les premiers éléments recueillis, l’initiateur du projet aurait largement dépassé les limites de l’autorisation initialement accordée. Sur un terrain classé agricole, il a fait construire un immense complexe à vocation touristique, sans respecter la nature des autorisations délivrées par la commune.
Les infractions relevées sont qualifiées de « lourd calibre » par des sources officielles, compte tenu de l’ampleur de l’ouvrage et de son coût. Le propriétaire lui-même estime ce chantier à 16 milliards de centimes, soit l’équivalent de 160 millions de dirhams, un investissement colossal pour un projet aujourd’hui réduit à un amas de gravats.
Un propriétaire qui clame avoir toutes les autorisations
Fait marquant, le propriétaire du complexe, lors de ses rencontres avec la presse, ne cache ni sa colère ni son incompréhension.
Tout en conservant un sang-froid apparent, il affirme avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires pour la construction de ce complexe touristique, et dénonce une décision qu’il juge injuste et brutale.
Il dit avoir respecté les procédures administratives, obtenu les signatures requises et investi sur la base de documents en règle. Malgré cela, il assiste, impuissant, à la destruction méthodique de son bien, sous l’œil des engins de chantier et des forces de l’ordre, transformant en quelques heures ce qu’il présente comme un projet d’envergure en symbole de la rigueur nouvelle des autorités face aux dérives urbanistiques.
Retrait du permis, décision de démolition, puis exécution
Du côté des autorités, le discours est clair :
Une fois les infractions constatées, les services compétents ont procédé au retrait du permis de construire, puis pris la décision de démolir le bâtiment. L’initiateur du projet a été officiellement informé avant le début de l’opération.
La démolition est conduite conformément aux procédures légales en vigueur, en présence de représentants de l’autorité locale, de techniciens des services d’urbanisme, ainsi que d’éléments de la Gendarmerie royale et des Forces auxiliaires. Ce dispositif vise à garantir l’exécution de la décision dans de bonnes conditions et à prévenir tout incident ou tentative de résistance.
Parallèlement, les autorités travaillent à la qualification juridique des infractions afin de déterminer les sanctions financières qui seront imposées au propriétaire, avec la possibilité de prendre d’autres mesures si de nouveaux dépassements venaient à être révélés.
Une ligne dure contre les constructions illégales
Cette affaire s’inscrit dans le cadre des instructions strictes données par le gouverneur de la province de Nouaceur pour lutter contre toutes les formes de construction illégale sur les terres agricoles, notamment dans les communes soumises à une forte urbanisation en raison de leur proximité avec Casablanca.
Depuis plusieurs semaines, une campagne provinciale d’envergure est menée contre les constructions anarchiques et les infractions aux règles d’urbanisme. Plusieurs bâtiments et installations érigés en violation de la réglementation ont déjà été démolis, avec pour objectif affiché de :
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rétablir le respect des règles d’urbanisme,
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préserver la vocation agricole de certaines zones,
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et garantir un développement territorial équilibré.
Entre exemplarité de l’État et sentiment d’injustice
Cette démolition spectaculaire cristallise ainsi deux récits opposés :
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d’un côté, un État qui entend faire respecter la loi et envoyer un signal fort contre les dérives urbanistiques,
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de l’autre, un investisseur qui se dit lésé, affirmant avoir investi des sommes colossales sur la base d’autorisations qu’il considère comme valides.
À Bouskoura, les pelleteuses poursuivent leur travail. Le complexe de luxe, estimé à 16 milliards de centimes, n’est plus qu’un chantier à ciel ouvert, entre béton brisé et polémiques intactes, dans une province où la question de l’urbanisme illégal n’a sans doute pas encore livré son dernier épisode.










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