Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) traverse une crise sans précédent au Maroc. Alors que le pays se prépare à accueillir la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030, la demande en main-d’œuvre qualifiée explose, mais l’offre peine à suivre. Résultat : des retards considérables s’accumulent sur les chantiers et les promoteurs immobiliers tirent la sonnette d’alarme.
Selon la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, les chantiers de construction de logements accusent des ralentissements pouvant atteindre 40 %. En cause, la concurrence exercée par les grands projets d’infrastructures publiques qui mobilisent massivement les ouvriers qualifiés et les apprentis. Les promoteurs se retrouvent pris en étau entre leurs obligations financières vis-à-vis des banques et leurs engagements commerciaux envers leurs clients.
La pénurie entraîne mécaniquement une hausse spectaculaire des salaires. Un ouvrier qualifié, ou « maâlem », peut désormais toucher jusqu’à 300 dirhams par jour, tandis qu’un apprenti gagne autour de 200 dirhams. À cela s’ajoute la flambée des prix des matériaux de construction, aggravant les difficultés financières des entreprises du secteur.
Cette tension sur le marché du travail s’explique par plusieurs raisons. D’abord, une bonne saison agricole a limité l’arrivée de jeunes ruraux traditionnellement attirés par le BTP. Ensuite, les jeunes urbains continuent de bouder ces métiers jugés pénibles et peu valorisés. Enfin, la transformation démographique du pays réduit mécaniquement le vivier de main-d’œuvre disponible.
Face à ce que la Fédération qualifie de « problème inédit », ses responsables appellent à une intervention urgente des pouvoirs publics. Parmi les pistes avancées figure l’intégration de la main-d’œuvre africaine déjà présente au Maroc. L’idée serait de la former, de lui accorder un titre de séjour, même temporaire, et de lui offrir des garanties sociales afin de répondre durablement aux besoins colossaux du secteur.
Un défi de taille, car la réussite des grands chantiers engagés conditionnera non seulement l’organisation d’événements sportifs planétaires, mais aussi la crédibilité du Maroc en tant que pôle d’investissement et de modernisation.