Malgré les mises en garde répétées des autorités et des organisateurs contre l’achat de billets en dehors des canaux officiels, la revente illégale continue de prospérer, notamment sur les réseaux sociaux. À l’approche des rencontres les plus attendues — en particulier celles de l’équipe nationale à domicile — l’engouement populaire devient un terrain fertile pour un marché parallèle qui s’organise, se professionnalise… et piège.
Sur des espaces numériques non officiels, des annonces fleurissent à longueur de journée : “dernière chance”, “quantités limitées”, “places garanties”. Le procédé est désormais bien rodé : prix largement au-dessus du tarif officiel, profils souvent douteux, échanges rapides en messagerie privée, puis pressions psychologiques sur l’acheteur pour qu’il paie immédiatement. Et lorsque la transaction se fait par transfert électronique, le risque d’escroquerie explose : faux billets, captures d’écran truquées, promesses d’envoi “après paiement”, puis disparition pure et simple du vendeur. Les témoignages de victimes se multiplient, révélant une réalité inquiétante : la fraude ne touche pas seulement quelques supporters naïfs, mais des citoyens de tous profils, parfois piégés en quelques minutes par des méthodes de manipulation très efficaces.
Le problème ne se limite pas à une “simple” spéculation. Il met en lumière une mécanique à trois niveaux : technique, organisationnelle et humaine. D’abord, des failles d’achat massif (multiplication de comptes, bots, achats répétés). Ensuite, une difficulté à empêcher la revente et à détecter les comportements anormaux. Enfin, la question sensible des “fuites” possibles ou d’un mauvais contrôle des quotas, qui ne se corrige pas avec des pare-feu, mais par la gouvernance et la traçabilité.
Plus grave encore, certains réseaux ne cherchent même pas à revendre de vrais billets : ils visent seulement à encaisser des avances, ou à détourner des données bancaires via des sites de phishing imitant les plateformes officielles. Résultat : les supporters perdent leur argent, le public perd confiance, et l’événement — censé être une fête — se retrouve parasité par une économie clandestine.
Or, cette compétition est internationale. Elle attire médias étrangers, délégations, visiteurs et supporters venus de plusieurs pays. L’image du Maroc est directement en jeu : la crédibilité de l’organisation, le sentiment de sécurité, la qualité de l’expérience spectateur et la réputation du pays comme hôte des grands rendez-vous sportifs.
Il est donc urgent que des mesures plus fermes soient déployées, avec une approche complète :
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renforcement des contrôles sur les plateformes de vente,
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limitation intelligente des achats multiples (appareils, IP, comportements),
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détection des bots et des achats automatisés,
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surtout, liaison stricte du billet à l’identité (identité numérique/biométrique ou vérification nominative renforcée à l’entrée),
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et coopération active avec les réseaux sociaux pour supprimer rapidement les annonces illégales et bloquer les comptes récidivistes.
Enfin, l’exemplarité passe aussi par la dissuasion. Ce commerce n’est pas anodin : il ruine des familles, alimente la fraude et ternit un événement continental. Des sanctions sévères doivent frapper ceux qui organisent, facilitent ou profitent de ces ventes illégales, afin de protéger les supporters, préserver l’intégrité de la compétition et défendre l’image du Maroc.










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