À quelques heures seulement du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations de football, les autorités provinciales de Casablanca ont déclenché samedi une vaste opération de contrôle visant les cafés ambulants et les vendeurs de restauration rapide opérant sans autorisation légale. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des mesures d’organisation et de sécurisation de l’espace public en prévision de l’événement continental que s’apprête à accueillir le Royaume.
La campagne menée par les services provinciaux concerne particulièrement la préfecture des arrondissements Hay Hassani, où les décisions administratives interdisant formellement la vente de café de manière itinérante ou via des véhicules stationnés dans les rues ont commencé à être appliquées de façon stricte. Cette démarche touche également l’ensemble des commerçants proposant des produits alimentaires légers depuis des charrettes sans disposer des licences requises par la réglementation en vigueur.
Selon les informations obtenues par le journal Hespress, cette mesure restrictive poursuit plusieurs objectifs clairement définis. Il s’agit principalement de lutter contre l’anarchie observée dans l’occupation de l’espace public, d’organiser les activités commerciales informelles qui échappent aux circuits officiels, et surtout de garantir la protection sanitaire des citoyens et des visiteurs contre tout risque potentiel durant la compétition sportive. Ces préoccupations sanitaires prennent une dimension particulière dans le contexte d’un événement international de cette ampleur qui attirera des milliers de supporters et de touristes venus de tout le continent africain.
Le calendrier de cette opération n’est évidemment pas anodin puisqu’elle intervient dans les dernières heures précédant l’ouverture officielle du tournoi continental prévu pour dimanche. Les autorités cherchent manifestement à présenter une image ordonnée et maîtrisée de la métropole économique marocaine, conscientes que les regards du continent entier seront tournés vers les villes hôtes de la compétition.
D’après les mêmes sources, les services concernés prévoient d’intensifier leur présence sur le terrain à travers des campagnes quotidiennes mobilisant l’ensemble des départements impliqués dans la gestion de l’espace urbain. L’objectif affiché consiste à veiller à l’application rigoureuse des décisions administratives tout en menant un travail de sensibilisation auprès des vendeurs et professionnels concernés. Les autorités misent sur l’adhésion volontaire de ces acteurs économiques informels pour assurer le bon déroulement de la manifestation sportive dans les meilleures conditions possibles.
Cette problématique des cafés mobiles et vendeurs ambulants révèle une réalité sociale complexe qui caractérise l’agglomération casablancaise et ses environs. De nombreuses artères et voies de circulation accueillent quotidiennement ces véhicules transformés en points de vente de café qui proposent leurs services aux passants sans nécessiter l’installation dans un établissement fixe. Ce phénomène s’est progressivement développé au fil des années, répondant à une demande réelle de la part d’une clientèle recherchant rapidité et accessibilité.
Pour de nombreux jeunes marocains, ces cafés ambulants représentent bien davantage qu’une simple activité commerciale. Face à la rareté des opportunités d’emploi formel et aux difficultés d’insertion professionnelle, cette forme de commerce itinérant constitue souvent l’unique source de revenu leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Le modèle économique repose sur une flexibilité et une mobilité qui permettent de s’adapter rapidement aux flux de clientèle tout en limitant les investissements initiaux comparativement à l’ouverture d’un établissement traditionnel.
La décision d’interdire ces activités soulève donc inévitablement des questions sociales délicates concernant l’avenir de ces micro-entrepreneurs informels. Si les autorités justifient cette mesure par des impératifs d’organisation urbaine et de sécurité sanitaire légitimes dans le contexte de la CAN, elle n’en demeure pas moins problématique pour ceux qui dépendent économiquement de cette activité. L’absence d’alternatives concrètes ou de dispositifs d’accompagnement vers la régularisation pourrait accentuer les difficultés de cette population déjà fragilisée.
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