La communauté éducative est en deuil et en colère après le suicide tragique d’un jeune enseignant affilié à la direction provinciale de l’Éducation nationale à Moulay Rachid, Casablanca. Ce drame, survenu en fin de saison scolaire, a provoqué une onde de choc au sein du corps enseignant, soulevant de sérieuses interrogations sur le manque d’accompagnement et de soutien des nouveaux enseignants.
Said Semahli, secrétaire régional de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE) à Casablanca-Settat, a exprimé sa profonde tristesse : « Ce jeune enseignant, encore au début de sa carrière, est une victime de l’absence de suivi psychologique et pédagogique. » Il déplore l’insuffisance de formation des jeunes professeurs, en particulier dans l’enseignement primaire, et pointe le manque de rôle actif de l’inspection qui, selon lui, se limite à une fonction administrative.
L’enseignant décédé aurait été fréquemment déplacé d’un établissement à un autre, sans stabilité ni accompagnement, ce qui aurait aggravé son état psychologique. À cela s’ajoute un arrêt soudain et brutal de ses fonctions, après une décision administrative qui lui a été imposée sans procédure équitable.
Hamid Bougallala, membre du bureau régional de la FNE (tendance démocratique), va plus loin en accusant la direction provinciale et les pressions hiérarchiques d’avoir contribué à cette issue tragique. Selon lui, l’enseignant vivait une première année professionnelle difficile, marquée par la perte de son père et l’absence de dispositif d’écoute et de soutien.
La députée Najwa Koukous, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a interpellé le ministre de l’Éducation nationale pour demander l’ouverture d’une enquête transparente. Elle alerte sur les nombreux cas de souffrance psychologique vécus par les enseignants, victimes de procédures abusives et d’un climat professionnel oppressant.
Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé. Il est le triste reflet d’un mal-être profond qui ronge silencieusement nombre de jeunes enseignants à travers le pays. Derrière les murs des salles de classe, beaucoup vivent des souffrances invisibles, écrasés par la pression, l’isolement, le manque de reconnaissance et l’absence d’accompagnement humain et professionnel. Le suicide de ce jeune professeur doit être un électrochoc pour les autorités éducatives : il est urgent d’écouter, de comprendre et d’agir. Car d’autres, en silence, pourraient être à deux doigts de franchir l’irréparable.
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