Cinq ans après l’arrivée du Covid-19, qui a bouleversé le monde avec des millions de morts et des conséquences économiques sans précédent, l’humanité reste vulnérable face à une nouvelle pandémie. Malgré des progrès notables, les experts et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) soulignent que les failles demeurent importantes, laissant le monde partiellement préparé.
Des leçons apprises, mais des failles persistantes
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, résume la situation : « Le monde est mieux préparé, mais reste exposé à certaines vulnérabilités critiques. » Si des progrès ont été réalisés dans la prévention et la réponse aux pandémies, des inégalités flagrantes dans l’accès aux outils essentiels, tels que les vaccins, subsistent. Ces lacunes pourraient à nouveau ralentir la riposte mondiale face à une nouvelle crise.
Pour Maria Van Kerkhove, responsable du département Prévention et préparation aux pandémies de l’OMS, les progrès réalisés depuis la pandémie de grippe H1N1 en 2009 et le Covid-19 sont indéniables. Cependant, elle estime que le monde reste insuffisamment préparé pour faire face à une épidémie de masse.
Des avancées concrètes
L’inauguration de nouveaux centres et outils de prévention témoigne des efforts déployés. À Berlin, un centre de l’OMS dédié à la collecte de renseignements a vu le jour en 2021, tandis qu’un Fonds de lutte contre les pandémies, piloté par la Banque mondiale, a alloué près de 885 millions de dollars pour financer des projets dans 75 pays. En Afrique du Sud et en Corée du Sud, des centres de transfert de technologie pour les vaccins et de formation à la biofabrication ont été établis, renforçant les capacités locales.
La menace des agents pathogènes
L’OMS a récemment établi une liste d’une trentaine d’agents pathogènes susceptibles de déclencher de futures pandémies, parmi lesquels figurent les virus Ebola, Zika et de Marburg. Des experts comme Tom Peacock de l’Imperial College de Londres insistent sur la menace potentielle de la grippe aviaire H5N1, qui pourrait franchir le cap de la transmission interhumaine. Les avancées dans la technologie des vaccins à ARN messager, bien qu’encourageantes, restent freinées par la désinformation croissante.
Un traité mondial encore en discussion
Pour éviter de reproduire les erreurs de gestion du Covid-19, les membres de l’OMS se sont engagés en 2021 à élaborer un accord mondial sur la prévention et la préparation aux pandémies. Pourtant, des divergences subsistent, notamment sur le partage des données concernant les agents pathogènes et les bénéfices des innovations médicales. L’objectif est d’arriver à un consensus d’ici mai 2025.
Une alerte pour l’avenir
La mise en place de nouveaux mécanismes, tels que le concept d’« urgence due à une pandémie » pour déclencher des actions rapides à l’échelle mondiale, est un signal positif. Toutefois, les experts estiment qu’il faudra encore plusieurs années pour améliorer les systèmes de surveillance, de partage de données et de réponse rapide.
Le monde est prévenu : la prochaine pandémie n’est pas une question de « si », mais de « quand ».
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