Pendant deux mois, jours et nuits, le défunt roi Hassan II a préparé, pensé et analysé sous tous les angles son grand projet : la Marche Verte. Il a consulté ses plus proches conseillers et une élite de hauts gradés de l’armée et du ministère de l’Intérieur, tenant des réunions-marathon dans le plus grand secret pour peaufiner chaque détail de cette épopée nationale.
Dans un livre consacré à cet événement qui a mobilisé tout un pays et captivé le monde entier, l’auteur, citant des sources proches du Palais, affirme que le Souverain était littéralement habité par cette idée. Obnubilé par le succès de cette marche qu’il voulait exemplaire, Hassan II aurait mis de côté, durant cette période, tous les autres dossiers du pays, s’isolant longuement dans son bureau et réduisant ses audiences au strict minimum.
Ce secret absolu entourant la préparation a été maintenu jusqu’au dernier moment, jusqu’à l’annonce officielle de la Marche Verte. Le roi veilla personnellement à la logistique, à l’organisation et au moindre détail du plan, sans jamais révéler pourquoi il avait fixé le nombre précis de 350 000 marcheurs. Seules les forces armées, la sécurité, les auxiliaires, les organisateurs et les médias furent informés à temps. Il avait conçu cette opération historique comme un tournant de son règne, une action appelée à le faire entrer dans l’Histoire par la grande porte.
L’origine de cette réflexion remonte à l’avis rendu par la Cour internationale de justice de La Haye, confirmant les liens d’allégeance historiques entre le Maroc et les tribus sahariennes. Cet avis favorable incita Hassan II à agir, d’autant qu’il apprit que l’Espagne, alors puissance occupante, menait des négociations secrètes avec l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie pour partager le Sahara au détriment du Royaume. Le Souverain, trahi par cette manœuvre, se promit d’y répondre avec intelligence et détermination.
Il y parvint brillamment : une marche pacifique, un peuple debout, un monde admiratif.
Un demi-siècle plus tard, la Marche Verte demeure le symbole d’une volonté royale et populaire sans équivalent, forgée dans le secret, la foi et le courage.
Par Jalil Nouri










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