L’amnistie fiscale exceptionnelle mise en place dans le cadre de la Loi de Finances 2024 continue de produire des effets visibles sur l’économie marocaine. Selon le rapport annuel 2024 de Bank Al-Maghrib consacré aux infrastructures des marchés financiers et aux moyens de paiement, cette mesure a entraîné une absorption historique des liquidités en circulation, bousculant les tendances habituelles du cash et dynamisant les dépôts en fin d’année.
La régularisation des avoirs liquides par les contribuables a déclenché un mouvement inédit : près de 37 milliards de dirhams ont été versés en quelques semaines, avec un pic spectaculaire lors du week-end des 28 et 29 décembre, un comportement jugé « inhabituel » par la banque centrale. Cette ruée vers les guichets a significativement infléchi la croissance du cash circulant, habituellement en forte expansion.
Parallèlement, les Centres Privés de Tri (CPT), chargés du traitement des billets et pièces, ont connu une saturation sans précédent. Leurs stocks ont culminé à 13,5 milliards de dirhams au 31 décembre, contre une moyenne tournant autour de 3 milliards. La région Casablanca-Settat s’est accaparée 35% des volumes, confirmant son poids économique. À l’inverse, Marrakech-Safi a connu un recul notable, ramenée à seulement 11% de part nationale.
Le recours accru aux guichets et aux dépôts s’est également reflété dans l’évolution des incidents de paiement. Le nombre d’interdits d’émission de chèques a diminué de 3,42%, tombant à 677.000 personnes, témoignant d’une amélioration des régularisations dans un contexte d’assainissement financier.
Malgré un ralentissement de la progression annuelle de la monnaie fiduciaire — à 444 milliards de dirhams, en hausse de 8% — le cash reste dominant : il représente désormais 29% du PIB, contre 22% avant la pandémie. Les retraits ont légèrement diminué en début d’année avant de rebondir durant l’été sous l’effet des dépenses de l’Aïd Al-Adha et de la saison touristique. Mais décembre a inversé la tendance : les versements ont bondi à 20,6 milliards de dirhams, dépassant les sorties, confirmant l’impact direct de l’amnistie.
La lutte contre la fraude fiduciaire connaît également des avancées. En 2024, seulement 4.495 faux billets ont été détectés, pour une valeur de 635.910 dirhams, contre 836.650 dirhams un an plus tôt. Le taux de faux-monnayage poursuit ainsi son recul structurel, à 1,5 billet par million, contre 5,3 en 2018.
Avec une forte mobilisation des contribuables, une montée des dépôts et des indicateurs de confiance améliorés, l’amnistie fiscale de 2024 apparaît comme un tournant majeur dans la gestion du cash au Maroc. Elle marque également une étape importante vers une modernisation progressive des usages de paiement dans le Royaume.
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