Le regard porté sur le Maroc varie selon les régions du monde, avec un fil rouge : l’attentisme. À l’ère des réseaux et des cycles médiatiques accélérés, chaque zone projette ses propres préoccupations sur la séquence marocaine actuelle.
Europe : l’effet miroir. Sur le continent, et particulièrement en France, les manifestations au Maroc ne sont pas lues comme une singularité. Elles s’inscrivent dans une trame familière de mobilisations sociales récurrentes. Les commentaires se focalisent moins sur la « spécificité marocaine » que sur la comparaison des modes de gestion de l’ordre public, tandis que le grand public reste pragmatique : l’hiver arrivant, la question clé demeure celle de la destination vacances — stabilité, accessibilité, services.
Algérie : la hantise de l’effet de contagion. Chez le voisin de l’Est, les autorités observent la séquence marocaine avec une vigilance particulière, hantées par le spectre d’un effet domino. Le souvenir du Hirak (2019-2020), la pression socio-économique persistante et une jeunesse connectée nourrissent la crainte qu’une dynamique de rue se réactive si un déclencheur survient. D’où une communication très encadrée, un suivi sécuritaire serré et un discours officiel insistant sur la stabilité. En filigrane, la question centrale demeure : l’appareil politique serait-il capable d’absorber une vague synchronisée de contestations sans s’enliser ? C’est précisément cette perspective que l’Algérie cherche à prévenir, en misant sur l’anticipation et la dissuasion.
Monde arabe : prudence vigilante. Dans la région, la tonalité dominante est celle de la retenue. Les chancelleries et médias privilégient une couverture sobre, lestée d’un souhait implicite : voir le phénomène Gen Z s’éteindre à bas bruit et ne pas essaimer. Le spectre du mimétisme social, bien connu dans l’aire MENA, incite à éviter tout emballement narratif.
Amériques : distance, sauf à Washington. Vue des Amériques, le Maroc demeure un dossier lointain au sein de l’actualité générale. Exception notable : les États-Unis, où l’administration Trump suit de près la situation pour des raisons stratégiques (sécurité, partenariats, stabilité régionale). Ailleurs sur le continent, l’intérêt médiatique reste mesuré et circonstanciel.
Asie : écho sans assimilation. Plusieurs pays ont déjà été traversés par des mobilisations de jeunesse connectée. Pour autant, la comparaison avec le Maroc demeure prudente : les contextes politiques, économiques et sécuritaires diffèrent, et les précédents asiatiques — parfois virant au chaos — ne sont pas extrapolés mécaniquement.
Une ligne de fond : l’attente. À l’échelle globale, domine l’idée qu’il s’agit d’une tendance générationnelle mondiale, modulée par les spécificités nationales. Les observateurs scrutent deux variables : la capacité d’encadrement institutionnel (méthode de dialogue, calendrier, garde-fous) et la réponse socio-économique (mesures rapides, ciblées, lisibles).
Dans un monde globalisé, où l’information circule à vitesse réelle, le Maroc apparaît moins comme une exception que comme un cas parmi d’autres d’une contestation cherchant un meilleur avenir et un présent moins rude. La perception externe, pour l’heure, reste suspendue aux signaux à venir : cadrage politique, feuille de route sociale, et retour au calme durable.
Par Mounir Ghazali
Dans le monde et pas seulement au Maroc les jeunes générations désirent un futur rimant avec bien être et épanouissement. Comment les en blâmer ? N’avons nous pas désiré la même chose à leur âge ? Notre génération à failli. J’ai espoir que la suivante puisse faire mieux.