Le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada, a annoncé que son département « s’apprête à revoir » la décision plafonnant à 30 ans l’âge d’accès aux concours de recrutement des enseignants. La décision finale sera rendue avant l’ouverture du prochain concours, prévu ce mois d’octobre, qui proposera 20 000 postes ouverts aux titulaires d’une licence.
Dans un entretien de presse, le ministre a reconnu le caractère controversé de la mesure et indiqué que ses équipes travaillent à une réforme « fondée sur les données ». Les statistiques internes montrent que plus de 80 % des lauréats ont moins de 25 ans, contre 4 % seulement à 29 ans. En clair, l’essentiel du vivier reste très jeune, mais l’exécutif envisage d’élargir l’accès afin de ne pas se priver de profils expérimentés ou en reconversion.
Côté moyens, Berrada a confirmé que le budget de l’éducation atteindra 97 milliards de dirhams dans le PLF 2026. Le gouvernement qualifie l’école de « priorité nationale » et veut arrimer la réforme à une mobilisation financière durable. Le Maroc figure, selon le ministre, au 16ᵉ rang mondial pour la part des ressources allouées à l’éducation ; un rang qui contraste avec des résultats scolaires jugés insuffisants.
Le diagnostic est connu : le Conseil supérieur de l’éducation relevait déjà en 2019 que 70 % des élèves de sixième primaire ne maîtrisaient pas les compétences de base en lecture et calcul, et qu’au collège seuls 10 % atteignaient ce socle. D’où l’accélération du programme des « écoles pionnières », présenté comme le bras opérationnel de la refondation (pédagogie, évaluation, formation continue, gouvernance).
En toile de fond, l’exécutif joue un délicat équilibre : ouvrir davantage les concours, sécuriser la qualité des recrutements, et transformer l’investissement massif en apprentissages mesurables. Les arbitrages imminents sur la limite d’âge seront un test de la nouvelle stratégie.
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