Dans un climat de vigilance accrue, la direction régionale des douanes de Casablanca-Settat a récemment mené une opération ciblée contre la vente de vêtements contrefaits au cœur du célèbre marché Lakriaa. Cette descente, menée par une brigade spéciale, s’inscrit dans le cadre d’un plan national de lutte contre la contrefaçon, combinant surveillance numérique et interventions sur le terrain.
L’action fait suite à des plaintes émanant de grandes marques internationales dont les produits, imités illégalement, sont vendus à des prix défiant toute concurrence. Malgré la panique constatée parmi les commerçants lors de l’intervention, aucune saisie ni sanction n’a été appliquée dans l’immédiat. Le commerçant ciblé a produit des factures d’achat pour une marchandise importée par fret depuis la France.
Une économie parallèle qui défie l’autorité
Derrière les vitrines du marché populaire se cache une économie parallèle bien rodée. Selon les informations recueillies, des “barons” de la contrefaçon approvisionnent les boutiques de Casablanca – Lakriaa, Derb Sultan, Maarif ou encore le centre-ville – avec des produits de toutes gammes, allant des copies bas de gamme aux “répliques premium”. Ces marchandises proviennent de réseaux de contrebande via Hong Kong ou la Turquie, ou sont fabriquées localement dans des ateliers clandestins disséminés dans des quartiers périphériques comme Sidi Moumen, Ain Chock, Tit Mellil ou Bouskoura.
Une contrefaçon qui se déplace… et s’expose
Les douanes ont désormais l’œil sur les réseaux sociaux, devenus de véritables vitrines pour les vendeurs de produits contrefaits. TikTok, Instagram ou Facebook pullulent de vidéos vantant des articles “de marque”, à des prix largement inférieurs à ceux pratiqués dans les circuits officiels. Une stratégie de marketing agressive, qui exploite la crédulité de certains consommateurs et contourne les circuits de contrôle traditionnels.
Un fléau économique et une menace pour l’image du pays
Au-delà de la fraude, ce commerce illégal nuit gravement à l’économie nationale : perte de recettes fiscales, concurrence déloyale pour les commerçants honnêtes, exploitation de main-d’œuvre bon marché dans des conditions souvent douteuses. Il nuit aussi à l’image du Maroc, à un moment où le pays se prépare à accueillir des événements internationaux majeurs, comme la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030.
Urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard
La prolifération de produits contrefaits vendus en toute impunité, parfois sous les yeux mêmes des autorités locales, doit interpeller l’État et les collectivités. Il est impératif de multiplier les opérations de terrain, d’assainir les marchés et de poursuivre les fabricants et distributeurs, au lieu de s’arrêter aux simples intermédiaires. La crédibilité du Maroc, tant à l’échelle économique qu’internationale, passe aussi par sa capacité à éradiquer les circuits de contrefaçon qui dénaturent son commerce et ternissent son image.