Les élus du Conseil de la ville ont, à l’évidence, raison de faire preuve de prévoyance à l’approche de la visite du Souverain cette semaine, avec un programme d’activités particulièrement chargé. Mais prendre les habitants pour des naïfs serait une erreur : dès le lancement des travaux de réfection des routes et des marquages, précisément sur les axes empruntés par les cortèges royaux et les itinéraires menant au Palais, beaucoup comprennent que l’on procède à des coups de peinture d’urgence que l’on ne voit guère le reste du temps.
Depuis longtemps, les Casablancais ont appris à reconnaître les signes avant-coureurs d’une venue royale : murs chaulés, bords de trottoirs repeints en jaune, parterres “rafraîchis”. Ils espèrent, à chaque visite, que le Roi s’installe plus durablement à Casablanca pour l’élever au niveau de Rabat, la capitale, qui bénéficie d’un traitement particulier et d’aménagements ambitieux. Une visite royale à Casa est perçue comme une bouffée d’air… et parfois comme le prélude à des sanctions visant des hauts fonctionnaires jugés défaillants.
Autre attente récurrente : voir le Souverain rester au-delà du strict calendrier d’inaugurations, afin d’inciter les responsables locaux à travailler sur la durée. Les habitants souhaitent que les améliorations ne soient pas seulement conjoncturelles, dans une métropole devenue difficile à gérer, rythmée par une multitude de chantiers d’aménagement souvent interminables.
Enfin, la ville guette le lancement effectif, maintes fois reporté, des travaux de la nouvelle Avenue Royale. Le projet — présenté comme une première au Maroc par sa conception et son emplacement — devrait intégrer les remarques du Souverain dans sa version finale. Les Casablancais attendent des transformations structurantes, pas de simples retouches cosmétiques.
Par Jalil Nouri