L’affaire fait grand bruit au sein des services de sécurité marocains. Quatre policiers, un baron de la drogue, ses deux complices et un informateur comparaissent actuellement devant la Chambre des infractions flagrantes en appel à la Cour d’appel de Rabat, dans une affaire mêlant corruption, trafic de drogue et complicité active de fonctionnaires.
Le dossier, instruit depuis décembre dernier, a déjà abouti à une première condamnation en février par le tribunal de première instance de Salé, avec 13 années de prison ferme cumulées et près de 130 000 dirhams d’amendes infligées aux huit accusés. Tous sont actuellement incarcérés à la prison d’El Arjat à Salé.
Un réseau bien huilé mêlant drogue, argent et complicités policières
Le principal accusé est un trafiquant notoire de 40 ans, recherché à l’échelle nationale, qui opérait principalement entre Salé, Témara et Rabat. Il aurait dirigé une réseau structuré de vente de stupéfiants, allant de la résine de cannabis (chira) aux psychotropes et cocaïne. L’homme a été arrêté en flagrant délit, en possession de 2 500 comprimés et de plus de 4,8 kg de chira, dissimulés dans une voiture de location.
Au moment de son interpellation, un montant de 110 000 dirhams en espèces a également été saisi dans son véhicule, ainsi que plusieurs téléphones portables. Ces derniers ont permis de démêler un enchevêtrement de relations et de complicités avec plusieurs agents des forces de l’ordre.
Des policiers compromis dans le réseau
Parmi les accusés figurent quatre agents de police, dont une femme. Ils sont accusés de corruption, révélation de secrets professionnels, aide à la fuite d’un individu recherché, mais aussi consommation de drogue, dont certains avec le baron lui-même.
Les condamnations prononcées en première instance vont de six mois à un an et demi de prison ferme, avec 5 000 dirhams d’amende chacun. L’enquête a révélé que certains policiers recevaient jusqu’à 6 000 dirhams par mois du trafiquant pour couvrir ses activités illicites, l’informer de potentielles interventions policières, voire faciliter ses déplacements.
Une affaire encore loin d’être close
La défense des accusés a demandé un délai supplémentaire pour la préparation des plaidoiries. La prochaine audience est prévue début avril. En parallèle, l’enquête continue sous la supervision du parquet, et de nouveaux noms commencent à émerger. Deux commissaires de police sont actuellement entendus, susceptibles d’être ajoutés au dossier dans les prochaines semaines.