Une nouvelle crispation s’est invitée dans les relations déjà fragiles entre Paris et Rome. Vendredi, la diplomatie française a convoqué l’ambassadrice d’Italie à Paris, Emanuela D’Alessandro, afin de protester contre des déclarations jugées « inacceptables » tenues par Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien et chef de la Ligue, à l’encontre du président Emmanuel Macron.
Selon des sources diplomatiques citées par France 24, Paris a rappelé à l’ambassadrice que ces propos, formulés au sujet d’un projet franco-britannique d’envoi de troupes en Ukraine après un éventuel cessez-le-feu, « vont à l’encontre du climat de confiance et des relations historiques entre les deux pays ». La France a insisté sur le fait qu’ils contredisent également « le nouvel élan positif » qui semblait rapprocher les deux capitales ces derniers mois, notamment autour du soutien affirmé à l’Ukraine face à l’invasion russe.
Lors d’une visite à Milan, Matteo Salvini a ironisé sur le plan proposé par Emmanuel Macron, affirmant que « si Macron veut des soldats en Ukraine, qu’il y aille lui-même avec un casque et un fusil ». Une sortie qui a immédiatement suscité l’ire de l’Élysée et du Quai d’Orsay.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans une longue série de frictions diplomatiques entre la France et l’Italie, souvent liées aux déclarations incendiaires de leaders politiques italiens. En 2019 déjà, Luigi Di Maio, alors vice-président du Conseil, avait rencontré des « gilets jaunes », provoquant la colère de Paris et le rappel temporaire de l’ambassadeur français à Rome.
Ces tensions surviennent malgré les tentatives récentes de rapprochement, notamment dans le cadre du Traité du Quirinal, signé en 2021, qui visait à renforcer la coopération bilatérale. Elles montrent aussi les divergences persistantes sur la manière de soutenir l’Ukraine, la France et le Royaume-Uni plaidant pour un engagement militaire plus marqué, là où certains responsables italiens se montrent plus réservés, reflétant un débat vif au sein de l’Union européenne.
Cet accrochage franco-italien intervient à un moment critique pour l’Europe, alors que les Vingt-Sept cherchent à maintenir une position unifiée face à la guerre en Ukraine. L’incident pourrait fragiliser davantage la cohésion européenne, déjà mise à l’épreuve par les divergences sur les livraisons d’armes et les perspectives d’adhésion de Kiev à l’UE.
Pour Paris, il s’agit donc non seulement de défendre la figure présidentielle, mais aussi de rappeler la nécessité d’un discours mesuré et coordonné au sein des alliés européens.
Par Mounir Ghazali