L’entreprise-déléguée Amendis, chargée de la distribution d’eau, d’électricité et de l’assainissement dans plusieurs villes du Nord du Maroc, bien qu’elle approche de la fin de son contrat dans quelques mois, profite du délai qui lui reste pour remplir ses caisses. Normal pour toute entreprise… quand cela ne se fait pas sur le dos des citoyens.
Ils sont malheureusement très nombreux à s’en plaindre à la découverte de leurs factures mensuelles, à exprimer leur exaspération face aux méthodes de gestion de cette entreprise survivante d’une période oubliée, sans oublier sa qualité de service très défaillante.
Les plaintes de clients en colère débordent du bureau de son directeur général, s’accumulant chaque jour dans des dossiers de réclamation dénonçant les tarifs fantaisistes et abusifs pratiqués, avec des hausses à répétition injustifiées, traitées avec indifférence et égoïsme. Pour Amendis, seul le profit maximal semble passer avant toute autre considération d’ordre social, profitant froidement et à outrance des failles inscrites dans les contrats.
Sur le plan juridique, la société fait appel à une floppée d’avocats-conseils pour l’aider à se sortir — ou à défaut reporter — les jugements en nombre étourdissant qui la visent.
Relevant de la même sphère que Lydec, sa pendante casablancaise qui a depuis plié bagages après avoir emporté avec elle le dernier dirham des milliards de bénéfices acquis, sur fond de la même colère et du même rejet de cette forme de délégation d’un service public qui se doit d’être géré par le seul secteur public, leurs bilans ne feront pas partie des bons souvenirs de leurs clients, unanimes à décrier leurs méthodes abusives. D’autant plus que, sur le plan strictement technique, les vagues promesses d’amélioration de l’accès des habitants à un service modèle ont été un leurre.
Au moment où s’ouvre une nouvelle ère avec les sociétés régionales multiservices, le cas Amendis restera comme un contre-modèle de gestion déléguée : factures incompréhensibles, mépris des usagers, opacité contractuelle. Aux yeux de nombreux citoyens, cette expérience aura surtout démontré qu’un service aussi vital que l’eau et l’électricité ne peut être abandonné à la seule logique du profit. À la future structure publique, désormais, de prouver qu’une autre gouvernance est possible.
Par Jalil Nouri










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