C’est une première en France, une action sans précédent qui a laissé les éducateurs déconcertés et a suscité l’indignation de la communauté. En outre, cette demande de la police a soulevé des interrogations importantes sur la liberté religieuse et la confidentialité des élèves. Pour mettre en perspective cette situation inhabituelle, on pourrait la comparer à une hypothèse où au Maroc, les autorités demanderaient aux écoles de recenser tous les élèves absents lors de la célébration de Noël, une fête majoritairement chrétienne. Une telle demande serait inédite et certainement source de controverses.
Dans une récente correspondance, la police a surpris les directeurs d’écoles à Toulouse et ses régions en les invitant à fournir des informations sur l’absentéisme scolaire lors de la fête musulmane de l’Aïd el-Fitr. Les écoles, initialement pensant qu’il s’agissait d’un spam, ont été consternées par cette demande qui semblait cataloguer les élèves absents comme musulmans, évoquant des préoccupations de « fichage religieux ». La pertinence de ces informations reste floue.
Plus d’une centaine d’écoles, principalement dans les zones d’éducation prioritaire, ont reçu cette demande de la police, qui a demandé de « compter » les élèves musulmans. L’indignation s’est manifestée chez les responsables de l’éducation qui ont qualifié cette pratique d’atteinte à la liberté religieuse.
Malgré la pression pour une « réponse rapide », la majorité des écoles contactées n’ont pas répondu à cette demande. Cependant, quelques directeurs d’écoles ont cédé sous la pression d’une inspectrice de l’Éducation nationale.
L’inquiétude concernant ce ciblage des familles musulmanes est exprimée par Marie-Cécile Périllat, secrétaire générale de la FSU31, qui est préoccupée par l’utilisation des services de l’Éducation nationale à cette fin. Des sources indiquent que les auteurs de ce courriel auraient agi sur ordre des renseignements territoriaux, et que le ministère de l’Intérieur pourrait être impliqué. Cependant, ni le ministère, ni la préfecture de la Haute-Garonne n’ont fait de commentaires.
Le recteur de l’académie de Toulouse, Mostafa Fourar, a affirmé que cette demande a été faite sans l’approbation du rectorat et a insisté sur le fait que l’Éducation nationale n’est pas associée à cette initiative. Il a été recommandé aux directeurs d’école de ne pas répondre à cette requête.
Il est à noter que ce n’est pas la première fois qu’une telle « maladresse » se produit. Un courriel similaire a été envoyé aux écoles de l’Hérault concernant la période du Ramadan, ce qui a également suscité des réactions similaires. En France, les médias et les responsables éducatifs s’interrogent sur l’intérêt de collecter de telles données.