Les jours se suivent et se ressemblent dans les camps de Tindouf, où le désordre gagne du terrain. Le chef du Polisario, Brahim Ghali, a convoqué en urgence ses cadres en début de semaine, tentant désespérément de contenir une situation sécuritaire hors de contrôle, marquée par des défections militaires, des affrontements armés entre trafiquants et un rejet grandissant de la population locale.
Le dernier week-end a été particulièrement sanglant. Des échanges de tirs à balles réelles ont éclaté dans le camp de Laâyoune, au cœur d’un règlement de comptes entre bandes impliquées dans le trafic de drogue. L’absence totale d’intervention des forces du Polisario dans les premières heures a nourri un sentiment d’abandon chez les habitants, certains pointant la complicité de la « gendarmerie » du front séparatiste.
Cette escalade s’inscrit dans un climat de décomposition structurelle des milices. Le 24 avril, trois combattants du Polisario ont déserté, se rendant aux Forces Armées Royales marocaines près d’Oum Dreyga. Vêtus de leurs uniformes officiels, ils ont brandi un drapeau blanc et révélé avoir planifié leur fuite depuis plusieurs mois.
Dans sa tentative de riposte, le Polisario accuse le Maroc d’être à l’origine des troubles. Mais cette narration peine à masquer la réalité du terrain : une base de plus en plus réfractaire, des jeunes prêts à fuir, et une direction incapable de maintenir le contrôle.
Des manifestations inédites ont éclaté, certaines familles criant publiquement « Vive le Roi », un geste symbolique de rupture et de défi envers Brahim Ghali et son entourage.
L’inquiétude est palpable même à Alger. Les autorités algériennes, longtemps garantes de la stabilité du front séparatiste, s’inquiètent désormais ouvertement du chaos latent, qui pourrait menacer l’équilibre régional.
Sur les réseaux sociaux, des appels à la communauté internationale se multiplient. Le journaliste sahraoui Naama Maoulainine alerte : « La vie des femmes et des enfants sahraouis détenus est gravement menacée ».
Entre crise de légitimité, implosion sécuritaire et rejet populaire, le Polisario semble aujourd’hui pris dans une spirale irréversible. La question se pose désormais à haute voix : assiste-t-on aux derniers soubresauts d’un mouvement à bout de souffle ?
Salma Semmar