La gestion des demandes de visa pour les pays de l’espace Schengen, en particulier pour la France, continue de poser de sérieux problèmes aux demandeurs marocains. À chaque tentative de résoudre les dysfonctionnements, de nouvelles failles apparaissent, alimentant un marché parallèle d’intermédiaires non agréés qui profitent de la situation pour exploiter les citoyens. Ce système défaillant, loin d’être anodin, engendre des coûts excessifs pour les demandeurs et affecte leur dignité.
Un système sous-traité qui favorise les abus
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, a récemment évoqué cette problématique lors d’une session parlementaire. Il a expliqué que plusieurs États européens, dont la France, l’Espagne et l’Italie, délèguent la gestion des demandes de visa à des entreprises privées spécialisées. Ces sociétés sont chargées de collecter les dossiers, de gérer les rendez-vous, et de transmettre les demandes aux consulats.
Cependant, cette sous-traitance a ouvert la porte à un phénomène préoccupant : des intermédiaires illégaux et des courtiers parviennent à contourner le système officiel pour revendre des créneaux de rendez-vous à des tarifs exorbitants, souvent le double, voire le triple, du coût initial du visa.
Des failles connues mais non corrigées
Le chef de la diplomatie marocaine a souligné que ces failles sont régulièrement portées à l’attention des missions européennes lors de réunions bilatérales. Il a insisté sur la nécessité pour ces pays d’améliorer leurs systèmes afin d’éviter qu’ils ne soient exploités. Mais malgré ces échanges, la France peine à trouver des solutions efficaces, laissant persister un climat de frustration parmi les demandeurs.
Le ministre a rappelé que cette situation affecte particulièrement les cas nécessitant un traitement prioritaire, tels que les demandes pour des études ou des soins médicaux. Des retards prolongés et des processus complexes ajoutent à l’insatisfaction générale des citoyens.
Des efforts pour des conditions dignes
Face à cette situation, le Maroc continue de plaider pour des réformes. Bourita a déclaré que le ministère des Affaires étrangères maintiendra ses efforts pour sensibiliser les missions diplomatiques européennes à l’urgence d’un traitement plus fluide et respectueux des droits des Marocains.
Il s’est également félicité de certaines avancées, comme la mise en place, dès septembre 2024, de nouvelles mesures par l’entreprise en charge des demandes de visa pour la France. Ces initiatives incluent un processus de vérification d’identité via des appels vidéo, censé garantir la transparence dans l’attribution des rendez-vous. Cependant, de nombreux observateurs estiment que ces réformes ne suffiront pas à éradiquer les pratiques abusives sans une refonte complète du système.
Quand le visa devient un luxe inaccessible
Pour de nombreux Marocains, la demande de visa est devenue un parcours du combattant. Entre les coûts cachés, les délais interminables et les pratiques douteuses des intermédiaires, obtenir un visa Schengen est souvent perçu comme un luxe. Cette situation soulève une question fondamentale : pourquoi des pays comme la France, disposant de moyens technologiques avancés, n’arrivent-ils pas à sécuriser un processus aussi crucial pour des milliers de personnes ?