Un important dispositif sécuritaire a été déployé dans la matinée du lundi 14 juillet à Derb Khalifa, dans l’arrondissement de Ben M’Sik à Casablanca, pour procéder à la démolition de plusieurs constructions en tôle constituant un bidonville établi de longue date. L’intervention, supervisée par les autorités locales et appuyée par les forces de l’ordre et la Protection civile, a transformé le quartier en zone bouclée, inaccessible aux non-résidents.
Cette opération, qui s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de lutte contre l’habitat insalubre et l’aménagement urbain, vise à éradiquer les poches d’habitat informel encore présentes dans le Grand Casablanca. Si sur le papier l’initiative s’inscrit dans une volonté de modernisation urbaine, sur le terrain, elle suscite une vague de mécontentement et d’inquiétude.
Les familles concernées doivent être relogées à Bouskoura, mais à un coût que beaucoup jugent insoutenable. Fixé à plus de 100.000 dirhams, le montant demandé pour accéder aux nouvelles habitations est tout simplement hors de portée pour une majorité d’entre elles, vivant déjà dans une extrême précarité. Certains redoutent de se retrouver sans toit, faute de moyens pour intégrer les nouveaux logements. Des témoignages évoquent une peur croissante de l’exclusion et de la marginalisation.
Cette situation met en lumière les limites d’une politique de résorption de l’habitat insalubre qui, si elle ne s’accompagne pas de mesures sociales fortes, risque de produire de nouvelles formes d’exclusion au lieu de résoudre durablement la question du logement. Alors que d’autres quartiers de Casablanca et Mohammedia ont connu des opérations similaires, les tensions récurrentes autour du relogement révèlent un malaise social persistant.