Casablanca vit ces dernières semaines au rythme des pelleteuses. D’intenses opérations de démolition de constructions anarchiques et d’habitats précaires ont été lancées dans plusieurs quartiers emblématiques de la ville, notamment la médina, El Hassani, Aïn Sebaâ et Hay Mohammadi. En toile de fond, un objectif majeur : préparer la métropole pour la Coupe du monde 2030, que le Maroc co-organisera avec l’Espagne et le Portugal.
Si les autorités parlent d’un « réaménagement nécessaire » pour moderniser les infrastructures, le climat est loin d’être apaisé sur le terrain. De nombreuses familles affectées dénoncent la rapidité de l’exécution, l’insuffisance des indemnisations proposées, et surtout l’absence d’un dialogue réel avec les habitants. Le spectre de décisions administratives brutales revient en force, alimentant la colère de ceux qui voient disparaître leur lieu de vie sans alternative claire.
Des voix s’élèvent pour réclamer une meilleure gestion des expropriations pour utilité publique, rappelant que ces procédures doivent répondre à des conditions juridiques strictes. Et si l’État justifie ces démolitions par la nécessité de construire des infrastructures d’intérêt général, les indemnisations versées restent jugées dérisoires par les populations concernées, souvent laissées sans solution immédiate, parfois même en pleine année scolaire.
Ce phénomène ne touche pas uniquement la capitale économique. Rabat, elle aussi, connaît une vague de démolitions, touchant même certains immeubles dans des zones en pleine transformation, notamment à l’approche d’événements majeurs ou de projets d’aménagement. Là encore, les habitants dénoncent le manque de concertation et les conséquences sociales de ces opérations, qui transforment le visage des quartiers sans toujours prendre en compte leur tissu humain.
Si l’ambition de donner un nouveau souffle aux grandes villes marocaines est légitime, la méthode interroge. Moderniser oui, mais à quel prix ? La réussite de ces projets dépendra largement de la capacité des autorités à conjuguer développement urbain et justice sociale, sous peine de transformer un chantier d’avenir en source de fracture.
Intérêt général ! Ou social ?la coupe a un delai oui !