Dans une étude récemment publiée, après des enquêtes de terrain menées en 2019 à travers le Maroc sur des faits survenus l’année précédente, pas moins de 825 000 filles âgées de 15 à 19 ans ont déclaré avoir subi des violences physiques de toutes sortes, motivées par des raisons diverses, parfois incongrues et inexplicables.
Plus alarmant encore, environ 245 000 jeunes filles ont affirmé avoir été contraintes à des actes sexuels, très souvent accompagnés de violences.
Ces données ne sont qu’un extrait du rapport consacré aux différentes formes de violences faites aux femmes, y compris les mineures. L’étude met en lumière l’ampleur du phénomène, illustrée par un taux de près de 70 % de victimes dans cette seule tranche d’âge.
Du côté des adultes, les chiffres sont également inquiétants. Pour les femmes âgées de 20 à 74 ans, 55,8 % ont déclaré avoir été violentées au cours de l’année précédant l’enquête. Ce taux grimpe à 57,1 % chez les femmes de moins de 50 ans. Les violences sont plus fréquentes en milieu urbain (75 %) qu’en milieu rural (64,3 %).
Le secteur de l’enseignement n’est pas épargné : 25,3 % des violences ont été signalées dans les collèges et l’enseignement supérieur. Globalement, 61,6 % des femmes interrogées ont déclaré avoir subi des violences psychologiques, tandis que 272 000 femmes ont rapporté avoir été victimes de violences physiques.
En milieu scolaire et universitaire, le taux de violences atteint 22,3 %, une donnée particulièrement préoccupante.
Parmi les types de violences recensées, figure également la violence familiale, qui touche 54,9 % des filles de 15 à 19 ans, et la violence conjugale d’ordre économique, notamment dans les cas de pression visant à accaparer le salaire de l’épouse.
Enfin, une nouvelle forme de violence, dite « numérique », prend de l’ampleur. Elle comprend la diffamation, le chantage et le racket en ligne. Elle aurait touché 282 000 femmes, soit 29,4 % de l’échantillon étudié.
Le tableau reste donc très sombre, en attendant des réformes promises mais toujours en cours d’élaboration, alors que la société attend avec impatience un changement profond des mentalités, notamment chez les hommes.
Par Jalil Nouri