Tel un château de cartes, le régime syrien a volé en éclats d’une manière aussi inattendue que brusque, car tout est allé très vite !
Que vont devenir les djihadistes ?
Une chute qui ressemble étrangement et incroyablement à celle de Saddam Hussein, que les Occidentaux qualifiaient de dictateur de Bagdad !
Qu’il n’y ait pas eu de soldats américains, comme pour la chute de Bagdad, ou français et britanniques pour l’assassinat de Kadhafi, est-ce vraiment cela qui fait la différence, ou plutôt faut-il se réjouir que la chute du « boucher de Damas » soit le fruit d’une révolution menée par des Syriens !?
C’est une ère nouvelle qui s’annonce donc avec la fin de cinquante-quatre ans de règne autoritaire et sans partage du clan El Assad !
Une semaine seulement après la chute de la ville d’Alep, l’étau se resserrait sur Damas et le compte à rebours pour la fin du régime de Bachar el-Assad était enclenché !
Lâché par son allié russe, occupé par sa guerre en Ukraine, le régime syrien est assurément une victime collatérale de la guerre au Liban et des coups portés par Israël au Hezbollah.
Tout est allé à une allure incroyablement vertigineuse, puisqu’après la chute d’Alep entre les mains de Hayat Tahrir Al-Sham, Hama, Homs et Deraa tombaient tour à tour entre les mains des « rebelles » sans la moindre résistance, puisque les troupes « loyalistes » désertaient le plus souvent, laissant la voie libre aux troupes rebelles !
Et aux combattants djihadistes ayant baigné dans la nébuleuse de l’idéologie d’Al-Qaïda et de Daech !
Samedi soir, les forces rebelles et djihadistes encerclaient la ville de Damas, et la seule question était de savoir si Assad pouvait encore sauver sa tête et son régime.
Il faut souligner qu’aucun soutien n’est venu des alliés iraniens ou irakiens, que la Jordanie a très vite fermé ses frontières, que le Hezbollah a mobilisé deux mille hommes pour sécuriser les frontières face à une éventuelle invasion de réfugiés syriens et, surtout, que l’armée israélienne a remobilisé ses troupes dans le Golan syrien.
Pire, Israël a occupé le mont Hermon et compte annexer éternellement le Golan syrien !
Sans oublier que les navires russes ont quitté la région, sans même savoir où aller, puisque les voies maritimes leur sont fermées, tandis que Moscou espère négocier pour sa base militaire en Syrie, qui inclut des dizaines d’avions.
Après treize ans de guerre civile, suite aux révoltes et soulèvements du printemps arabe réprimés par la forme la plus abjecte et brutale de répression, avec plus d’un demi-million de morts, près de deux millions de réfugiés et des centaines de milliers d’opposants torturés dans les geôles du régime !
Bien entendu, la Maison-Blanche a fait savoir qu’elle n’avait rien à voir avec ce qui se passait en Syrie, et Donald Trump d’ajouter que l’Amérique n’avait pas à être mêlée à cette rébellion !
Sauf qu’il se dit que la CIA aurait entraîné, financé et armé les rebelles et djihadistes de Hayat Tahrir Al-Sham, et que donc l’offensive des rebelles était programmée et commanditée par l’Amérique !
Que vont faire les Occidentaux de leurs djihadistes s’il est question de transition en douceur ?
Des scénarios pour l’après-Bachar el-Assad ?
Une transition à l’irakienne, ou un scénario à la libyenne ? Un nouvel Afghanistan ?
À ce sujet, après la chute de Damas et la fuite du dictateur sanguinaire, il reste juste à savoir quel genre de transition politique les Américains ont prévu et planifié !
Et juste à savoir plus précisément si des scénarios ont été envisagés pour l’après-Bachar el-Assad !
La chute de Damas n’est certainement pas une bonne nouvelle pour Tel-Aviv !
Oui, maintenant que vont faire les Occidentaux de « leurs djihadistes » et, particulièrement, la France, qui s’inquiète des milliers de Français engagés avec l’État islamique et qui ont été libérés cette semaine par HTS des prisons du régime de Syrie.
Franchement, bravo pour cette fulgurante et extrêmement rapide opération, car entre la chute d’Alep et celle de Damas, huit jours seulement se sont écoulés, même si on ne sait vraiment pas qui on doit féliciter !
Les capitales occidentales ont salué, bien entendu, la chute du dictateur tyrannique, mais ont tenu à bien préciser qu’elles souhaitaient un avenir sans les extrémistes au pouvoir en Syrie.
Faut-il en conclure que les Occidentaux comptent exercer une tutelle sur l’avenir de la Syrie, y compris en redessinant les frontières ?
On se demande ainsi si une transition pacifique et en douceur est réellement possible et si, après 13 ans de guerre civile, le risque de chaos n’est pas omniprésent en Syrie !
Effectivement, le risque d’une nouvelle guerre civile entre Kurdes, multiples factions djihadistes et rebelles est une menace à prendre très au sérieux dans cette région, où les grandes puissances seraient tentées de redessiner la carte du Moyen-Orient et du Proche-Orient, maintenant que l’Iran est aux abois et que l’influence de la Russie en Syrie s’est évaporée comme un château de sable.
La Turquie, qui est en train de damer le pion aux Russes en Syrie, a invité les réfugiés syriens à rentrer chez eux, estimant que « les déplacés pouvaient retourner sur leurs terres ! »
Moscou était, par ailleurs, inquiet pour ses bases militaires en Syrie, où l’alerte était maximale avec la progression des rebelles, même si ces derniers étaient beaucoup plus préoccupés par la prise de Damas !
Il faut juste souligner que la chute du dictateur de Damas est un revers très dur pour Moscou et une cinglante défaite pour Téhéran !
À ce sujet, les milices du Hezbollah avaient choisi de quitter le territoire syrien dès samedi !
La chute de Damas n’est certainement pas une bonne nouvelle pour Tel-Aviv, car Bachar assurait une relative stabilité et une certaine sécurité aux frontières, sans jamais revendiquer le plateau du Golan syrien !
Au Golan, justement, on verra bien ce qu’il adviendra, car dans la zone tampon démilitarisée, les troupes rebelles et l’armée israélienne risquent de se retrouver nez à nez !
À ce sujet, l’armée américaine a bombardé des positions de Daech dans le centre de la Syrie, alors que l’aviation israélienne a ciblé des stocks d’armes avant que les djihadistes ne puissent s’en emparer !
Israéliens et Américains ont engagé une course contre la montre pour que l’arsenal chimique de l’armée syrienne ne tombe pas entre les mains des rebelles, mais pour le reste, c’est ce qu’ont affirmé ces derniers !
Contrôler les zones pétrolières tout en gardant un œil sur les mouvements de Daech, voilà certainement le principal enjeu de la présence de neuf cents soldats américains sur place !
Il faudra, sans aucun doute, rester prudents et vigilants face aux incertitudes liées à l’avenir de la Syrie, de son intégrité et, accessoirement, du futur de toute la région, car Israël va fatalement vouloir profiter de cette situation pour gagner du terrain au nez et à la « barbe » (excusez ce jeu de mots !) de l’Iran !
S’étant longtemps servi de l’alibi de Daech pour justifier leur présence en Syrie, les Américains entendent y rester, comme l’a confirmé Joe Biden dimanche soir, excepté si Donald Trump compte se retirer de la scène moyen-orientale.
Exit les proxis de l’Iran, la partie d’échecs va continuer, et entre les différentes factions et le jeu des grandes puissances, il reste juste à espérer que les Syriens pourront décider librement de leur destin !
Pour terminer, il y a deux semaines, alors que le régime syrien venait de perdre le contrôle d’Alep, juste après l’entrée en vigueur de l’improbable cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, il était évident que l’armée israélienne n’avait absolument pas l’intention de quitter le sud du Liban, tout comme elle a l’intention de réoccuper la bande de Gaza et l’ambition d’annexer « définitivement » la Cisjordanie occupée.
Il s’agit juste de coïncidences intrigantes, n’est-ce pas !?
Hafid Fassi Fihri
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