La journée internationale des personnes handicapées, célébrée le 3 décembre, a été marquée au Maroc par l’annonce d’une carte de réduction à bord des trains dédiée à cette catégorie de citoyens. Une mesure bienvenue, qui devrait, espère-t-on, inspirer bientôt les sociétés de transport urbain pour étendre ces facilités aux autobus. Mais derrière ce geste symbolique, la réalité quotidienne des personnes en situation de handicap reste, elle, largement en décalage avec les discours officiels.
Car cette avancée ne doit pas masquer le retard abyssal accumulé en matière de protection sociale, d’accessibilité et d’aide à la mobilité. À commencer par les infrastructures les plus basiques. À la gare de Rabat-Ville, par exemple, un usager en fauteuil roulant peine à atteindre la porte principale, entravé par les travaux et l’absence d’aménagements adaptés, à moins d’être accompagné ou porté par d’autres voyageurs. Même constat dans de nombreuses gares routières, trottoirs, administrations et espaces publics. À cela s’ajoute l’attitude de certains chauffeurs de taxi réticents à prendre en charge un client avec sa chaise roulante.
À ce rythme, le Royaume continue de figurer parmi les pays mal classés en matière de prise en compte des besoins des personnes handicapées. L’inclusion professionnelle illustre également ce décalage : le quota de recrutements réservé aux personnes en situation de handicap dans la fonction publique est loin d’être atteint, malgré les textes et les promesses.
Les cérémonies de signature d’accords et de conventions organisées à l’occasion de cette journée ne sauraient donc faire oublier cette réalité d’abandon et de non-respect des droits fondamentaux. Avec près de deux millions de personnes concernées, l’enjeu est national. Il est urgent de passer des annonces aux actes, en accélérant les chantiers de l’accessibilité, de l’insertion et de la dignité. Faire plus pour les handicapés n’est plus une option : c’est une nécessité sociale et morale.
Par Mounir Ghazali










Contactez Nous