Discours du Trône 2025 : Mohammed VI veut en finir avec le Maroc à deux vitesses

À l’occasion de la Fête du Trône, célébrée ce 30 juillet 2025, le roi Mohammed VI a prononcé un discours d’une rare franchise, mêlant satisfaction lucide sur les avancées du Maroc et volonté ferme de corriger les déséquilibres persistants. Dans un style direct et déterminé, le souverain a livré une feuille de route ambitieuse pour un développement plus équitable, sans détours sur les défis qui attendent le royaume.

Une décennie de progrès économique incontestable

Le roi a tout d’abord dressé le bilan d’une décennie marquée par une montée en puissance économique. Malgré les secousses du contexte international et les répercussions d’une sécheresse prolongée, le Maroc a su se maintenir sur une trajectoire ascendante. Les exportations ont plus que doublé depuis 2014, portées par l’automobile, l’aéronautique, les énergies renouvelables et les industries émergentes. Le pays s’impose désormais comme un hub africain et euro-méditerranéen, connecté à un marché de plus de trois milliards de consommateurs grâce à ses multiples accords de libre-échange.

Le monarque s’est également réjoui des progrès sur le plan du développement humain. Le Maroc a franchi pour la première fois le seuil du développement humain élevé, avec une réduction significative de la pauvreté multidimensionnelle.

Un Maroc à deux vitesses que le roi refuse d’accepter

Mais derrière cette réussite, Mohammed VI a pointé du doigt un malaise latent : celui d’un Maroc encore divisé. « Il n’y a de place, ni aujourd’hui, ni demain, pour un Maroc avançant à deux vitesses », a-t-il tranché. Les zones rurales et les régions enclavées, trop souvent oubliées des politiques publiques, continuent de souffrir d’un manque d’accès à des services essentiels. Ce constat, loin d’être nouveau, est désormais placé au cœur des priorités royales.

Face à cela, le roi appelle à une révision profonde de l’approche du développement. Il exhorte le gouvernement à rompre avec les « canevas classiques » et à adopter une stratégie de « développement territorial intégré ». L’objectif est de valoriser les potentialités locales, d’améliorer les infrastructures, de lutter contre la pénurie d’eau, et d’assurer une meilleure répartition de la richesse.

Des chantiers structurants pour une justice territoriale

Quatre axes majeurs sont fixés :

1. L’emploi localisé en fonction des ressources de chaque région.

2. Le renforcement de l’éducation et de la santé, comme piliers de la dignité citoyenne.

3. Une gestion durable de l’eau, dans un contexte de stress hydrique critique.

4. La cohérence entre les projets territoriaux et les grandes stratégies nationales.

Un appel à la refonte politique et à la main tendue à l’Algérie

Sur le plan institutionnel, le roi Mohammed VI a annoncé la révision prochaine du Code général des élections, dont l’adoption est prévue avant la fin de l’année. Une réforme indispensable à l’approche des législatives de 2026, qui vise à renforcer la transparence et à mobiliser les acteurs politiques dans un esprit de responsabilité.

Fidèle à sa ligne de conduite, le souverain a renouvelé un message de paix à destination de l’Algérie. Qualifiant le peuple algérien de « peuple frère », il a rappelé les liens historiques unissant les deux nations et réaffirmé sa disposition à un dialogue sincère et respectueux.

Le Sahara marocain : un soutien international croissant

Enfin, sur le dossier du Sahara, Mohammed VI s’est félicité de l’adhésion internationale grandissante à la proposition d’autonomie marocaine. Après les États-Unis, l’Espagne et l’Allemagne, ce sont désormais le Royaume-Uni et le Portugal qui soutiennent ouvertement cette solution. Une dynamique diplomatique que le souverain juge irréversible.

Ce discours du Trône 2025 marque un tournant. En appelant à un « sursaut national », le roi Mohammed VI place l’équité sociale et territoriale au cœur du nouveau contrat national. L’avenir du Maroc ne se construira pas uniquement sur des indicateurs économiques, mais sur sa capacité à ne laisser aucun de ses enfants au bord de la route.