À quelques heures d’élections nationales sous haute tension, la ville de Vancouver a été secouée par une tragédie glaçante. Samedi soir, au cœur du quartier Sunset on Fraser, lors des célébrations de la Journée Lapu-Lapu organisée par la communauté philippine, un automobiliste a foncé dans la foule, causant la mort de neuf personnes et blessant plusieurs autres. Un choc national dans un climat politique déjà chargé.
Selon la police de Vancouver, le conducteur, âgé de 30 ans et déjà connu des services, a été appréhendé sur place — non pas par les forces de l’ordre, mais par des membres de la foule eux-mêmes. Malgré l’ampleur du drame, les autorités ont rapidement écarté l’hypothèse d’une attaque terroriste, assurant qu’il s’agissait d’un « acte isolé », sans mobile encore établi.
Le carnage s’est produit peu après 20h00 heure locale, alors que la rue était noire de monde. « Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place », a témoigné Abigail Andiso, présente au festival. D’autres, comme Dale Selipe, ont évoqué des enfants parmi les victimes. Les images, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent un SUV noir à l’avant dévasté, arrêté en plein chaos, au milieu de débris et de food trucks renversés.
Une communauté en deuil
« Nous sommes tous en deuil avec vous », a réagi Mark Carney, Premier ministre canadien, attendu en Colombie-Britannique pour clore sa campagne. Son principal adversaire, Pierre Poilievre, a également exprimé son soutien, dénonçant une « attaque insensée » tout en appelant à plus d’informations sur les circonstances.
Jagmeet Singh, chef du Nouveau parti démocratique (NPD), qui avait quitté les lieux peu avant le drame, s’est dit particulièrement marqué par la pensée des enfants présents. Le Consulat général des Philippines à Vancouver, quant à lui, a exprimé « sa profonde inquiétude » face à « cet horrible incident ».
La journée Lapu-Lapu, événement culturel majeur, rend hommage au chef indigène philippin qui défait en 1521 l’explorateur Ferdinand Magellan. Samedi, elle devait être une fête : un défilé, des concerts, des projections de films… Elle s’est transformée en cauchemar.
Un contexte électoral tendu
Ce drame survient alors que le Canada s’apprête à voter, dans une élection dominée par les questions économiques et les tensions diplomatiques avec les États-Unis de Donald Trump. Le climat est électrique : l’ombre de violences politiques plane, même si dans ce cas précis, la police insiste sur l’absence de lien idéologique.
La tragédie rappelle un précédent lourd de sens : en 2021, un homme avait renversé une famille musulmane à London, Ontario, dans un acte reconnu comme terroriste lié au suprémacisme blanc.
À Vancouver, l’enquête est en cours, et un point sera fait par les autorités dans les prochaines heures. Mais déjà, une certitude s’impose : pour la communauté philippine, et bien au-delà, cette journée du 26 avril restera à jamais marquée par la douleur.
.